Pourquoi les bus de la RATP brûlent-ils ?

Quatre véhicules ont été détruits par le feu en quatre mois, après des départs d’incendie dus à des courts-circuits. Le CHSCT de l’entreprise se penche sur le problème ce mardi.

 À chaque incendie, les passagers sont parvenus à sortir à temps du bus. Il n’y pas eu de blessé.
À chaque incendie, les passagers sont parvenus à sortir à temps du bus. Il n’y pas eu de blessé. D.R.

    Les images sont impressionnantes. Des bus noircis par les flammes, presque entièrement détruits. Ce mardi, le CHSCT de la RATP doit se pencher sur les conclusions des investigations menées sur quatre cas de bus qui ont pris feu accidentellement, dans lesquels heureusement personne n'a été blessé, survenus entre novembre 2017 et février 2018. Un document interne à l'entreprise que le Parisien a pu consulter et que nous vous révélons.

    Après avoir analysé les quatre cas, le rapport met en avant « des problèmes récurrents intervenant au niveau électrique et notamment sur les CITELIS diesel (Citelis est une gamme d'autobus urbains construits et commercialisés par Irisbus devenu Iveco Bus de 2005 à 2015 NDLR) ». La marque est concernée dans trois des quatre cas analysés. A chaque fois, le départ de feu est lié à un court-circuit dont l'origine est différente.

    Un audit mené sur l'ensemble du parc après les incendies

    Le 8 novembre, sur la ligne 68 (place de Clichy-Châtillon Montrouge), l'incendie se déclare à 10 h10, à hauteur du 21, rue du Bac (Paris VIIe), au niveau du compartiment moteur. Le machiniste tente d'étouffer les flammes à l'aide de deux extincteurs. Sur le diesel Iveco, l'expertise montre que c'est une interférence des câbles du circuit électrique qui est en cause. Tous les bus, 901 véhicules, sont vérifiés.

    Le 16 janvier, sur la ligne 63 (porte de la Muette-gare de Lyon), à 9 h15, à l'arrêt « Monge-Mutualité » (Paris Ve), le feu se déclenche au niveau du frein de parc. Cette fois, c'est un diesel de la marque Scania. L'hypothèse des experts de la RATP est qu'un élément de la batterie s'est mis en surchauffe probablement par un court-circuit interne. Encore un problème électrique. Le constructeur met en place une simple cale au niveau de la batterie. Les 220 bus Scania en sont progressivement équipés.

    Le 7 février, sur la ligne 393 (Thiais-Bonneuil), c'est encore un Iveco qui prend feu à l'arrêt, avenue de la Pompadour à Créteil (Val-de-Marne). Le rapport signale une vis de fixation manquante au niveau de l'alternateur. Il y a eu un court-circuit entre le démarreur et l'alternateur, à l'origine de l'incendie. 742 bus sont vérifiés.

    Enfin, le 12 février, À11 h 55, à l'arrêt « Rodin » (Paris XVIe), c'est encore un Iveco qui s'embrase à cause d'un problème au niveau du démarreur, à cause d'un défaut de serrage sur un écrou. Le remplacement des démarreurs est prévu dans le cadre des opérations de maintenance.

    « Les effectifs de maintenance sont en baisse »

    Contactée, la RATP, qui reconnaît le caractère spectaculaire de ces incendies, précise tout de même que « la tendance globale des départs de feu à bord des autobus est à la baisse ces dernières années ». Elle ajoute qu'« aucun blessé n'a été déploré, les évacuations s'étant toujours déroulées en toute sécurité grâce au professionnalisme de nos conducteurs ».

    Mais pour un représentant du personnel du CHSCT, « c'est invraisemblable qu'il y ait des incendies, surtout dans une période aussi rapprochée. La direction ne prend la mesure du problème », assurant qu'il y a eu « d'autres départs de feu qui n'apparaissent pas dans ce document ». Constatant qu'il s'agit à chaque fois de « porblèmes électriques, il faudrait réaliser des audits plus fréquents et sur l'ensemble du parc ».

    Le représentant au CHSCT pointe également du doigt la « la politique de productivité », c'est-à-dire selon lui, « faire toujours davantage de kms avec les véhicules, même si un souci est détecté ». Il assure également que « les effectifs de la maintenance sont en baisse. Les agents qui restent ont de plus en plus de tâches à réaliser et personne ne peut tout faire en même temps».