Le ras-le-bol des joueuses iraniennes de futsal, quasi absentes dans les médias
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Le futsal, sport dérivé du football se jouant à 5 contre 5 dans un gymnase, est un sport populaire. Alors que l’équipe nationale féminine a remporté le championnat asiatique pour la deuxième fois, très peu d’Iraniens ont pu voir le match, car montrer des sportives à la télévision reste tabou en Iran. Frustrant, aussi bien pour les fans que pour les joueuses.
L’équipe iranienne de futsal a battu le Japon 5 à 2 en finale du championnat asiatique en Thaïlande le 12 mai dernier. Elle avait déjà remporté le titre en 2015. Cette année-là, tout comme en 2018, les matches n’ont pas été diffusés à la télévision iranienne. Et pour cause : les équipes adverses jouent régulièrement en short et bras nus, or, les diffuseurs iraniens ne peuvent pas montrer des parties du corps féminin non recouvertes.
Un petit nombre de médias iraniens ont publié des photos à cette occasion, une montrant notamment un match entre l’Iran et le Turkménistan (remporté 14-0 par l’Iran), partagée sur les réseaux sociaux par la Fédération iranienne de futsal. Mais cette photo était maladroitement retouchée, cachant les genoux nus des joueuses turkmènes.
En Iran, les médias ne sont pas autorisés à publier des photos montrant la peau nue de femmes, même de non-musulmanes.
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La retouche a été critiquée sur les réseaux sociaux.
من فینال #فوتسال قهرمانی #زنان آسیا بین ایران و ژاپن رو دیدم همشون زانو داشتن
Mostafa (@MostafaHdr) May 12, 2018
Traduction : "J’ai regardé la finale entre l’Iran et le Japon. Je confirme que toutes avaient des genoux".
خط قرمز جدید : کشکک زانو #فوتسال_زنان
Negar (@ArtLover1367) May 5, 2018
Traduction : "Les nouvelles lignes rouges : les genoux".
Les seules images diffusées par les médias iraniens montraient l’équipe à son retour en Iran, accueillie par ses fans à l’aéroport international de Téhéran.
Le manque général de couverture médiatique a mis en colère nombre d’entre eux, et certaines des joueuses, comme celle-ci, qui a publié un message pour exprimer sa frustration.
"À la place de notre finale, la télévision iranienne a diffusé un match de hockey"
شكايت #فاطمه_اعتدادي ستاره #فوتسال_زنان ايران از #شبكه_ورزش و #صداوسيما: از شبكه هاي مجازي متشكريم#ورزش_زنان pic.twitter.com/4dqZGpuFyi
نيلوفر حامدي (@NiloofarHamedi) May 15, 2018
Fatemeh Etedadi est une star de l’équipe iranienne de futsal.
Pendant que nous étions en train de jouer le match le plus important pour nous, je ne sais pas ce qu’elles [les chaînes de télévision publique, notamment celle dédiée au sport] diffusaient. Apparemment, elles montraient un match de hockey pendant notre finale [le hockey n’est pas un sport populaire en Iran, NDLR.]. Elles n’ont pas diffusé nos matches.
Nous attendons d’elles qu’elles nous soutiennent. Mais les internautes partagent les images sur les réseaux sociaux, et je leur en suis reconnaissante.
Sport et "dress-code" islamique
Comment expliquer cette ignorance par les médias iraniens du championnat de futsal ? Niloufar Hamedi, journaliste sportive iranienne à Téhéran, analyse :
Les sports féminins ne sont généralement pas pris au sérieux par les officiels en Iran, même depuis que les femmes ont commencé à remporter de nombreuses médailles dans les compétitions internationales. Mais ces dernières années, avec l’essor des réseaux sociaux et la première médaille olympique remportée par une femme [en 2016, en taekwondo], les Iraniens se sont davantage intéressés aux sportives.
Les fans tentent de combler le vide médiatique en partageant des informations sur les réseaux sociaux, comme des photos et des vidéos des matches auxquels ils assistent.
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Notre Observatrice estime que le sport féminin reste un sujet sensible en Iran :
Depuis la révolution islamique de 1979, les Iraniennes n’ont pas pu participer aux compétitions sportives internationales pendant plusieurs décennies. Mais ces dernières années, les Iraniennes ont pu commencer à se rendre à des événements internationaux après l’apparition des tenues de sport islamiques [recouvrant leur corps et leurs cheveux, NDLR] et le consentement des autorités religieuses.
Le principal problème, c’est que ces événements ne sont toujours pas diffusés à la télévision car les adversaires, elles, ne sont pas obligées de porter ces tenues.
Ces dix dernières années, de nombreuses fédérations sportives internationales – de football, basketball, volleyball et taekwondo – ont adopté ces maillots qui recouvrent tout le corps. Ceci a permis aux Iraniennes, mais à bien d’autres femmes d’autres pays musulmans, de participer aux compétitions. Néanmoins, ce n’est pas le cas pour tous les sports. Il n’y a pas de tenues approuvées pour la lutte ou la natation par exemple.