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Ottawa ne reconnaîtra pas la réélection du président du Venezuela

Le président salue ses partisans.

Nicolas Maduro a remporté la présidentielle avec six millions de votes.

Photo : EPA / MIGUEL GUTIERREZ

Radio-Canada

Le Venezuela affronte lundi la menace d'un isolement international croissant et d'une recrudescence de sa crise sociale et économique au lendemain de la réélection contestée du président socialiste Nicolas Maduro jusqu'en 2025. Le Canada, par exemple, a rappelé son ambassadeur.

Les résultats annoncés ont été rejetés par le Chili, le Panama et le Costa Rica, tout comme par le Groupe de Lima, une alliance de pays d'Amérique et des Caraïbes qui comprend aussi l'Argentine, le Brésil, la Colombie, le Mexique et le Canada.

« Le Canada appuie la population du Venezuela et il continuera de s’opposer à la dictature du régime Maduro », a déclaré lundi la ministre des Affaires étrangères du Canada, Chrystia Freeland.

La chef de la diplomatie canadienne a ajouté que « le Canada rejette le processus électoral vénézuélien et son résultat, puisqu’il estime que ce résultat n’est pas représentatif de la volonté démocratique des citoyens vénézuéliens ».

Les 14 pays du Groupe de Lima, créé en août dernier pour exercer une pression internationale sur le Venezuela, ont annoncé lundi le rappel de leurs ambassadeurs du Venezuela au lendemain de ce scrutin.

Le regroupement a l'intention de « coordonner des actions pour que les organismes financiers internationaux et régionaux n'octroient plus de prêts au gouvernement du Venezuela ».

Le Groupe de Lima a « réitéré son inquiétude face à l'approfondissement de la crise politique, économique, sociale et humanitaire qui a détérioré la vie au Venezuela et se reflète dans la migration en masse de Vénézuéliens vers nos pays ».

Les pays signataires ont prévu de convoquer, d'ici le 15 juin, une réunion au Pérou avec des autorités responsables de la migration « pour échanger [sur leurs] expériences et apporter une réponse » à ce problème.

Le scrutin a aussi été largement boudé par l'opposition, qui l'a toujours considéré comme illégitime. Le principal adversaire de Nicolas Maduro, le candidat Henri Falcon, a aussitôt demandé une nouvelle élection pour empêcher une « crise sociale ».

Le Venezuela de plus en plus isolé

Le scrutin n'a pas respecté « les normes démocratiques minimales », estime de son côté le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Madrid va étudier avec l'Union européenne (UE) des « mesures opportunes » et continuer de « travailler pour soulager les souffrances des Vénézuéliens ».

Les États-Unis, qui ne font pas partie du Groupe de Lima, ainsi que l'Union européenne avaient également dénoncé ce scrutin bien avant le dévoilement des résultats, dimanche soir.

Le président Donald Trump a demandé au gouvernement du Venezuela d'« organiser des élections libres et équitables ».

« Nous appelons le régime de Maduro à rétablir la démocratie, organiser des élections libres et équitables, libérer immédiatement et sans conditions tous les prisonniers politiques, et mettre fin à la répression et à la privation économique du peuple vénézuélien », a déclaré le chef de la Maison-Blanche dans un communiqué.

Donald Trump a ordonné la mise en oeuvre d'une nouvelle série de sanctions dans les secteurs pétrolier et financier. Il a signé un décret visant à réduire la capacité de Caracas à vendre des actifs appartenant à l'État.

De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a félicité lundi Nicolas Maduro pour sa réélection à la présidence du Venezuela, lui souhaitant du « succès » face aux défis économiques, mais appelant à un « dialogue national ».

« Un précédent dangereux a été créé lorsque la légitimité du processus électoral dépend non pas de la position des observateurs internationaux, mais de points de vue énoncés à l'avance par certains États », a dénoncé le ministère russe des Affaires étrangères.

Le président russe a ajouté qu'il est convaincu « que les actions de Nicolas Maduro à la tête de l'État seront en mesure de poursuivre le renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays ».

Un peuple qui a faim

Des gens marchent en traînant des valises.

Des Vénézuéliens traversent la frontière vers la Colombie, près de Cucuta, le 25 juillet 2017.

Photo : Getty Images / LUIS ACOSTA

Les Vénézuéliens souffrent de pénuries de nourriture, de médicaments ou d'électricité conjuguées à la hausse de l'insécurité. Un salaire minimum mensuel permet à peine d'acheter un kilo de lait en poudre. Des centaines de milliers de personnes ont préféré quitter le pays.

Touché par l'effondrement des cours du brut depuis 2014, le Venezuela, qui tire 96 % de ses revenus du pétrole, souffre d'un manque de devises qui l'a plongé dans une crise aiguë.

En cinq ans, le PIB a fondu de 45 % selon le FMI, qui anticipe une contraction de 15 % en 2018 et une inflation de 13800 %.

Les Vénézuéliens quittent leur pays en masse

Les estimations réalisées par le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, et par l'Organisation internationale pour les migrations, une agence intergouvernementale établie à Genève, indiquent qu’entre 1,5 million et 1,6 million de Vénézuéliens ont quitté leur pays en 2017. Les chiffres officiels signalent qu'entre 2017 et 2018, 800 000 Vénézuéliens ont migré en Colombie, 298 559 au Pérou, plus de 160 000 au Chili, 82 000 en Argentine, 65 784 au Mexique, 65 415 au Panama, environ 50 000 au Brésil, 15 650 au Guatemala, environ 4000 au Costa Rica et 2893 au Paraguay.

Nicolas Maduro, qui s'appuie sur la Chine et la Russie, soutient que cette situation est la conséquence d'une « guerre économique » livrée par la droite et les États-Unis pour le renverser.

Ses opposants, quant à eux, l'accusent de saper la démocratie. Quatre mois de manifestations quasi quotidiennes de l'opposition, qui ont fait 125 morts à la mi-2017, ont été balayés avec la mise en place d'une assemblée constituante, toute-puissante arme politique au service du camp au pouvoir.

« Un nouveau gouvernement, considéré comme illégitime, n'aura pas de capacité de manoeuvre, qu'il s'agisse de financements internationaux ou de diplomatie », avertit Andrés Cañizalez, spécialiste en communication politique.

En proclamant sa victoire, M. Maduro a lancé un « dialogue national », mais la coalition d'opposition (MUD) a prévenu qu'elle mettrait de la pression pour que se tiennent de nouvelles élections cette année.

Avec les informations de Agence France-Presse, Associated Press et Reuters

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