“Des membres d’une cellule d’espionnage ont été arrêtés en Arabie Saoudite”, rapporte le quotidien anglophone saoudien ArabNews, qui explique qu’“ils utilisaient les droits de l’homme comme prétexte pour violer l’ordre du pays”.

Ils s’étaient “organisés pour outrepasser les fondamentaux religieux et nationaux” et ont eu “des contacts suspects avec des instances étrangères afin de nuire à la sécurité, à la paix sociale et à l’unité nationale”, titrait pour sa part le journal saoudien Al-Jazira en date du samedi 19 mai, avec la photo de deux des plus éminentes militantes des droits des femmes du pays, Aziza Al-Youssef et Loujain Al-Hathloul.

Cinq autres militantes ont également été arrêtées, selon le compte Twitter saoudien m3tkl (“prisonnier de conscience” en arabe) : Madiha Al-Ajroush, Aïsha El-Maenna, Walaa Al-Shubbar, Hasah Al-Sheikh et Iman El-Najfan. Auxquelles s’ajoutent deux hommes sympathisants de leur cause, ainsi que l’avocat engagé de l’une des militantes.

“Le timing de ces arrestations n’est pas anodin”, souligne le quotidien libanais L’Orient-Le-Jour. Car, dans un mois, le 24 juin, entrera en vigueur l’autorisation pour les femmes de conduire. “Cela va attirer les médias internationaux et il semble que le prince héritier Mohammed ben Salmane souhaite réduire au silence toute parole différente du discours officiel”, et cela afin d’apparaître comme le seul moteur des réformes dans le pays.

“Le message consiste à dire : toute sorte d’engagement doit se faire à l’intérieur du pouvoir. Aucune voix indépendante, aucune opinion divergente ne sera autorisée”, écrit pour sa part le journaliste et intellectuel saoudien Jamal Khashoggi, en exil aux États-Unis, dans The Washington Post :

Sommes-nous contraints de choisir entre les salles de cinéma [autorisées à ouvrir en avril dernier après des décennies d’interdiction] et nos droits de parler en tant que citoyens ? […] Les réformes sociétales, si importantes pour l’Arabie Saoudite, ne doivent pas aller au détriment de l’espace public dont nous disposions jadis pour discuter et débattre.”