Emmanuel Macron sur les banlieues: discours inabouti et contradictoire

Le Président Emmanuel Macron présentant le plan banlieues le 22 mai 2018 ©AFP - LUDOVIC MARIN / POOL
Le Président Emmanuel Macron présentant le plan banlieues le 22 mai 2018 ©AFP - LUDOVIC MARIN / POOL
Le Président Emmanuel Macron présentant le plan banlieues le 22 mai 2018 ©AFP - LUDOVIC MARIN / POOL
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Le discours d’Emmanuel Macron consacré aux banlieues.

Oui... il s’agit d’un anti-plan. Et aussi d’un anti-discours. Parce qu’Emmanuel Macron ne veut pas faire des banlieues une spécificité. C’est la politique globale,  qui vise à libérer les énergies, à créer des droits réels,  qui doit régler le problème des banlieues, et même recycler en énergie positive la vitalité qui se trouve enserrée, «assignée à résidence» dit-il, dans des quartiers stigmatisés. Bref, le président dit en substance : si ma politique générale marche, alors elle marchera aussi pour les banlieues. C’est un discours qui ne joue pas (comme ce fut trop souvent le cas) sur la victimisation ou la stigmatisation... 

Mais il y a des contradictions dans le propos d’Emmanuel Macron qui trahissent le caractère inabouti de sa pensée sur le sujet. D’un côté, il ne veut pas de politique spécifique, de l’autre il ne remet pas en cause le zonage scolaire, il établit même le dédoublement des petites classes dans les zones sensibles. 

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Pourquoi JL Borloo se dit satisfait alors que tout le monde constate que son plan est enterré ?

Par expérience, analyser le discours de JL. Borloo est très compliqué (trop pour moi, en tout cas). Mais le discours d’Emmanuel Macron (c’est étonnant parce qu’il a plutôt tendance à être clair, d’habitude) comporte beaucoup de choses et leur contraire. JL. Borloo choisit, visiblement il fait le tri, d’être positif. Soit. 

La philosophie du macronisme, c’est la marche vers l’autonomisation, l’émancipation. Ne pas être assigné à un territoire, une condition, pouvoir choisir sa vie. Pour qu’il puisse en être ainsi, même dans les quartiers défavorisés, Emmanuel Macron en appelle à l’engagement. Il en appelle aux élus mais aussi aux patrons. Ces derniers bénéficient largement de la politique fiscale actuelle, ils doivent donc prendre leur part et ne plus, par exemple, discriminer les embauches. 

Le Président, qui sait être Jupitérien quand ça l’arrange, décide, là, de plutôt faire confiance à la société, à l’engagement de tous (en fait, il fait dans la verticalité quand il s’agit de couper dans les budgets et dans l’horizontalité pour mettre en œuvre une politique qui coute forcément de l’argent... c’est pratique !). Lui qui peut être technocrate prononce cette drôle de phrase, s’adressant à JL.Borloo, «deux mâles blancs qui ne vivent pas en banlieue se remettent un rapport sur les banlieues... ça ne marche plus comme ça !» dit-il. 

Seulement ces territoires –comme le dit le rapport parlementaire dont nous parlions hier- sont sous dotés en professeurs aguerris, en policiers, en juges et en médecins, les travailleurs sociaux, les associations y sont asphyxiés. Cette inégalité-là, structurelle, de base,  ne se résorbera pas par l’engagement citoyen ou celui des entreprises, c’est l’affaire de l’Etat ! Le bon diagnostic ne suffit plus. Le discours du président était à la limite de la défausse. Il le sait sans doute parce qu’il donne rendez-vous à tous les acteurs impliqués sur ces questions en juillet prochain, avec, on peut l’espérer, des axes et des annonces plus aboutis.

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