Aux Etats-Unis et dans le monde entier, Google fournit des solutions pour « une meilleure façon d'apprendre », consistant en une suite d'applications (mails, agendas, tableurs, documents partagés, etc.) rassemblés sous le dénominateur commun Apps for Education.
Ces programmes sont utilisés par près de 30 millions d'étudiants dans le monde, rapporte Education Week, journal américain spécialisé dans les questions d'éducation. Aux Etats-Unis, ils sont utilisés par des milliers d'établissements éducatifs, dont de nombreuses universités. Ils sont aussi exploités gratuitement par des écoles primaires et secondaires.
On en retrouve par exemple la trace sur le site des écoles publiques du comté de Fairfax (Virginie), qui explique en quoi les solutions de Google sont utilisées dans le cadre du « programme scolaire » pour permettre davantage de souplesse aux élèves.
ANALYSE DES MAILS
Des services pratiques, qui n'en restent pas moins des services de Google, dont le modèle économique est fondé sur la publicité ciblée. Education Week révèle ainsi qu'une action en justice a été lancée dans le nord de la Californie, du fait que Google récoltait les données des étudiants utilisant ses services éducatifs.
Une porte-parole de Google a confirmé à Education Week que l'entreprise « scannait et indexait » tous les mails échangés au travers des services Apps for Education – sans que cela soit clairement indiqué aux utilisateurs. Ce, dans le but d'amasser des données et de construire des profils utilisateurs, qui peuvent être utilisés à des fins publicitaires par Google. La porte-parole n'a pas démenti.
Depuis son lancement, Gmail, le service de messagerie électronique de Google, qui fait partie des services Apps for Education, utilise les données contenus dans les mails pour afficher des publicités contextuelles (si une tarte au pomme est mentionnée dans un échange de mails, il est fort probable qu'une publicité pour des recettes ou des ustensiles de cuisine apparaissent).
Cependant, comme l'atteste la charte de Google consacrée à la sécurité et au respect de la vie privée sur la plateforme Apps for Education, les publicités sont désactivées « par défaut ». Pourquoi, dès lors, scanner les conversations ? « Pour de multiples raisons, poursuit le texte, incluant la vérification de l'orthographe, la protection contre les spams et les virus (...) et l'affichage de publicités ».
« LA VIE PRIVÉE EST ATTAQUÉE »
L'utilisation des données à des fins publicitaires est d'ailleurs mentionnée dans les questions courantes sur l'utilisation de Gmail sur le site de l'université d'Alaska.
« Pour les besoins des publicités ciblées sur d'autres sites, des logiciels scannent vos mails et rassemblent des mots-clés. (...) Si le logiciel analyse 100 mails et identifie le mot 'camping' 50 fois, ils utiliseront ces données pour faire de la publicité sur d'autres sites. »
« Ce scan est 100 % automatique, et ne peut pas être désactivé », dit enfin la charte d'Apps for Education. Toutes ces raisons ont conduit au dépot d'une plainte collective (consulter le PDF), étudiée actuellement par la cour de San Jose.
Les neufs plaignants, parmi lesquels deux étudiants qui ont utilisé ces applications, accusent Google d'avoir violé des lois fédérales et californiennes empêchant l'interception de communications électroniques (le Wiretap Act).
« La vie privée des étudiants est attaquée », estime un avocat de l'Electronic Privacy Information Center, cité dans Education Week. Il souhaite que la plainte déposée « attire l'attention » du département d'Etat américain consacré à l'éducation et des autorités locales.
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