Politique

Un amendement sur l'interdiction du glyphosate a-t-il fuité au bénéfice d'un lobby agrochimique ?

Un amendement demandant l'interdiction du glyphosate aurait fuité vers un lobby agrochimique... avant même que les députés puissent le lire. Mais l'enquête de l'Assemblée nationale n'a pas réussi à identifier la "taupe".

Qui a fait fuiter le futur amendement sur l'interdiction du glyphosate auprès du lobby agrochimique ?

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"J'ai découvert que l'Union industrielle de protection des plantes (UIPP), qui regroupe Bayer, Monsanto, BASF et d'autres, s'était procurée mon amendement interdisant le glyphosate 90 heures avant les députés. C'est invraisemblable", expliquait le 24 mai 2018 sur RMC l'ex-ministre de l'Écologie, Delphine Batho. "J'ai saisi le 30 mars le président de l'Assemblée nationale de ces faits (...) Il est inacceptable que des lobbies puissent avoir des accès privilégiés à des informations internes à l'Assemblée nationale afin de déployer des stratégies pour court-circuiter nos débats", avait-elle dénoncé. Qui est la "taupe" ? L'enquête de l'Assemblée nationale piétine.

Une fuite qui illustre l'importance du travail parlementaire

Le président de l'Assemblée nationale François de Rugy a indiqué qu'elle n'avait "pas permis de déterminer d'où venait la fuite"."Nous avons fait une enquête interne qui n'a pas permis de déterminer d'où venait la fuite", a expliqué le président LREM de l'Assemblée sur RTL. "Sans doute que la copie de l'amendement a été faite avec un document papier et il n'y a pas de traces", a-t-il avancé. "En tout cas, ce ne sont pas les fonctionnaires de l'Assemblée nationale (...) qui diffusent les amendements dont ils ont connaissance", a-t-il précisé.

Estimant que cet "exemple est rarissime", François de Rugy a jugé que cette fuite illustrait l'"importance" du travail parlementaire puisque "des amendements, même déposés par une députée d'opposition, sont pris au sérieux par l'industrie et par des lobbies qui s'organisent pour les contrer"."Je considère qu'il est normal qu'il y ait des groupes de pression qui fassent entendre les intérêts privés (...) après c'est le Parlement qui tranche en toute transparence", a ajouté l'élu de Loire-Atlantique. Il a toutefois concédé que "sur la sécurisation du processus de dépôt de nos amendements nous allons encore renforcer nos règles".