Marine Le Pen épinglée après avoir invité un Egyptien jugé «complotiste»

Les positions du député égyptien Abderrahim Ali sont jugées « complotistes » et « antisionistes » par deux spécialistes de l’islamisme.

 Le député égyptien Ali a participé mardi à une conférence de presse commune avec la présidente du FN.
Le député égyptien Ali a participé mardi à une conférence de presse commune avec la présidente du FN. AFP PHOTO/Alain JOCARD

    Le FN en voie de re-diabolisation ? Marine Le Pen a déclenché de vives critiques en recevant mardi à l'Assemblée nationale un député égyptien proche du président Sissi et aux positions polémiques sur Israël.

    Venu ce jour-là fustiger le « niveau d'investissement » de la confrérie des Frères musulmans et du Qatar sur le sol français et notamment dans les banlieues, Abderrahim Ali est régulièrement accusé d'antisionisme et d'antisémitisme. Selon le chercheur Romain Caillet, ce proche du pouvoir égyptien, qui se présente comme le directeur du Centre d'études sur le Moyen-Orient, est « obsédé par le prétendu complot sioniste » et considère « qu'Al-Jazzera est une chaîne sioniste ».

    Sur le site Internet de son Centre, Ali affirme que « le complot contre l'Egypte est permanent depuis la victoire sur Israël pendant la guerre (du Kippour NDLR) d'octobre 1973 ». « Les États-Unis et Israël font tout ce qui leur est possible pour empêcher que cette victoire ne se répète », avance-t-il également, et « les auteurs de ce complot n'ont rien trouvé de mieux que le groupe terroriste des Frères musulmans pour diviser la région et l'affaiblir ».

    Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a condamné sur son site « la tribune […] offerte au sein de l'Assemblée nationale à une personnalité aussi controversée, qui ne permet pas de faire avancer efficacement le débat sur la lutte contre l'islamisme et la radicalisation au sein de la société française ».

    « Nous ne partageons pas toutes ses analyses »

    Plusieurs cadres du FN ont tenté de se désolidariser des propos d'Abderraham Ali. Le député et compagnon de Marine Le Pen Louis Aliot a ainsi indiqué « ne partager en aucun cas » ces positions. Tout en ajoutant que ses propos sur Israël « font plus polémique que la réalité du danger islamiste en France et de son influence sur certaines élites. Et ça c'est révélateur ». Le délégué du FN chargé des études Jean Messiha a répondu à Romain Caillet que ce député était « un proche du (président égyptien) Sissi en charge de la lutte contre l'influence des Frères musulmans en Europe. C'est à ce titre qu'il a été reçu », mais cela « ne veut pas dire que nous partageons toutes ses analyses ».

    Pour le politologue spécialiste de l'extrême droite Jean-Yves Camus, cette invitation vient en tout cas « contredire complètement » la démarche de dédiabolisation engagée par Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du FN en 2011.

    Il se demande comment le FN peut, après les violences à Gaza mi-mai, « expliquer qu'Israël a raison de taper sur les Palestiniens » et « en même temps organiser une conférence de presse avec un individu qui, certes est un ennemi des islamistes, mais en même temps un complotiste antisémite ». « Cela affaiblit le propos contre les Frères musulmans », selon lui.