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« C'est notre pharaon, une icône pour tous les jeunes », s'exclame Youssef Mohammed, 14 ans, le téléphone portable rempli de photos du footballeur de 25 ans. Au même âge, Mohamed Salah quitte son village pauvre du delta du Nil pour aller s'entraîner dans un club du Caire. S'imposant des journées à rallonge, Salah travaille comme un forcené pour être remarqué et atteindre les meilleurs clubs d'Europe.
« Sa détermination nous inspire, il a transformé les Égyptiens en nous encourageant à avoir de l'ambition et à s'en donner les moyens », s'enthousiasme ce jeune habitant du quartier populaire de Sayeda Zeinab, qui hésite encore entre devenir pharmacien ou footballeur. Après une carrière fulgurante du FC Bâle à Chelsea en passant par l'AS Roma, « Mo Salah » déchaîne aujourd'hui les passions à Liverpool. Cette saison, il a marqué 42 buts avec les Red Stars, un record qui lui a valu plusieurs récompenses dont celle de meilleur attaquant de la première ligue anglaise.
« Il nous redonne espoir »
« Grâce à lui, notre image brille à l'étranger. Il nous rend fiers et nous fait relever la tête », renchérit Ibrahim Gouda, 19 ans. Affaiblie par la crise économique et des vagues de répression successives, l'Égypte s'accroche à son enfant prodigue, seul visage radieux à l'horizon.

Cette ferveur, qui transcende les générations, doit aussi beaucoup à sa volonté d'incarner le grand frère idéal. Sur les réseaux sociaux, sa campagne de sensibilisation aux dangers de la drogue a atteint 10 millions de vues en quelques jours. « Tu es plus fort que la drogue » et « accro à la vie », clame la star internationale dans un clip rythmé où il parvient à détourner un jeune garçon de la mauvaise influence de dealers lascifs.
Sur le droit chemin
« J'ai vu des jeunes du quartier arrêter de fumer après cette pub. Il leur apprend la vertu de l'effort, se lever tôt, se coucher tôt. Il est musulman pratiquant et a un sens moral irréprochable », se réjouit Farid Soleiman, 63 ans. Le numéro vert de l'agence gouvernementale anti-addiction a vu ses appels bondir de 400 % depuis la diffusion de cette vidéo. Un succès prometteur dans un pays où 10 % de la population consomme de la drogue (marijuana et tramadol principalement), soit deux fois plus que la moyenne mondiale, selon le ministère de la Solidarité sociale.
Cet engagement n'étonne pas Hamdy Nooh, son « second père » et entraîneur du club Arab Contractors, où il se souvient d'un garçon modèle et humble. « Il ne se bagarrait jamais et quand ses camarades se chamaillaient, il restait silencieux, à l'écart. Sur le terrain, il ne dribblait jamais pour frimer mais uniquement dans le but de marquer. »
Au café, c'est devenu presque plus risqué de critiquer Salah que le président al-Sissi !

Le responsable de l'ONG de Mohamed Salah dans son village natal.
© Ariane LavrilleuxSon âme charitable est devenue tellement légendaire dans un pays où le salaire moyen ne dépasse pas 50 euros, que des dizaines d'Égyptiens se présenteraient chaque jour à la porte de son association et de ses parents. Dans les cafés, on adore se répéter l'anecdote de son père qui offrirait un bœuf à tout le village à chaque but marqué par son fiston. Démentie par les proches du joueur, la rumeur demeure tenace.
« Il a toujours été généreux même quand il n'était pas très connu », tient à préciser Samir Adly, ancien entraîneur de l'équipe nationale, « quand ses jeunes coéquipiers le complimentaient sur sa montre, il revenait à l'entraînement suivant avec une autre du même modèle, en cadeau pour eux. »
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Sa popularité est telle que personne ne se risque à nuancer ce portrait d'adorable génie. « Au café, c'est devenu presque plus risqué de critiquer Salah que le président al-Sissi ! » blague un journaliste égyptien. En mars dernier, quelques électeurs farceurs ont même suggéré qu'il prenne sa place, en écrivant le nom de Salah sur des bulletins d'al-Sissi. « Je sais qu'il n'est pas assez stupide pour mettre un pied en politique », réagit Farag Amer, président de la commission des sports au Parlement égyptien. L'unité de la nation derrière son héros en dépend.
Rabiot et Salah tous les deux victimes de l'arbitrage favorable au Réal, il n'y a pas de quoi être surpris à cela quand ...on voit Ramos arrêter un but Parisien de la main et demonter l'épaule de l''Egyptien en finale...
L'Egypte a Salah !
la France c'est Rabiot !
Ça montre le niveau... En attendant pourquoi ce demi Dieu ne joue-t-Il pas pour son pays ?