Non, les disparitions inquiétantes d’enfants n’ont pas doublé en un an

Les chiffres du ministère de l’Intérieur intègrent désormais les enlèvements parentaux, dont la hausse significative fait grimper les statistiques.

 Le ministère de l’Intérieur a adopté une nouvelle classification pour les enlèvements parentaux.
Le ministère de l’Intérieur a adopté une nouvelle classification pour les enlèvements parentaux. LP / Olivier Boitet

    Nathael, 9 ans, en Saône-et-Loire. Djenah, 4 mois, à Grenoble. Adam, 5 ans, à Melun. Tizio, 2 mois, à Toulouse... Le point commun entre ces enfants ? Avoir été enlevés par un de leurs parents, il y a moins de deux ans, puis rapidement retrouvés après le déclenchement d'une alerte enlèvement.

    Selon des chiffres du ministère de l'Intérieur auxquels nous avons eu accès, le nombre d'enfants enlevés par un parent est en hausse en 2017, avec 600 cas, contre 497 en 2016.

    Or, contrairement aux années précédentes, Beauvau a intégré ces cas d'enlèvements parentaux aux statistiques sur les disparitions inquiétantes de mineurs, faisant bondir le bilan présenté à l'occasion de la journée mondiale des enfants disparus, ce vendredi.

    De nombreux médias qui ont relayé ces informations affirment que le nombre de disparitions inquiétantes a « doublé » entre 2016 et 2017, passant de 687 à 1328. Mais si l'on inclus les enlèvements parentaux aux chiffres de 2016, on obtient 1184 cas. Sur les quatre dernières années, l'année 2017 n'apparaît plus si spectaculaire.

    Pourquoi cette nouvelle méthodologie ? « Cette nouvelle classification correspond apparemment à une volonté du ministère et des forces de police de mieux prendre en compte les enlèvements parentaux. On sait qu'entre une disparition inquiétante et un enlèvement parental, les moyens alloués pour l'enquête ne sont pas les mêmes », explique-t-on à l'association 116 000 Enfants disparus, qui a révélé jeudi les chiffres de l'Intérieur. « 1328 disparitions inquiétantes, c'est comme ça qu'ils souhaitent que ça apparaisse désormais », insiste-t-elle. Côté Beauvau, on confirmait le changement de classification sans le commenter.

    L'association 116 000 Enfants disparus observe, en outre, que les alertes enlèvement, dispositif qui relève du ministère de la Justice depuis sa mise en place en France en 2006, concerne de plus en plus les rapts commis au sein des familles. « Jusqu'à une date récente, il y avait très peu d'alertes liés aux enlèvements parentaux, on présupposait que les enfants n'étaient pas forcément en danger », affirme-t-elle.

    Interrogé, Youssef Badr, porte-parole du ministère de la Justice, rappelle le cas d'Elise André, enlevée par sa mère russe, en 2009, et retrouvée grâce au déclenchement d'une alerte. Et dément un changement de cap : « On raisonne plutôt sur les quatre critères qui ont fait leur preuve aujourd'hui : enlèvement avéré, victime en danger, victime mineure, informations précises qui permettent de localiser l'enfant ou son ravisseur. »

    Qu'est-ce qu'une disparition inquiétante ?

    Le caractère inquiétant d'une disparition est apprécié par les policiers selon divers critères, dont certains dépendent du profil de l'enfant. En 2017, les filles sont plus nombreuses dans cette catégorie que les garçons, majoritaires, quant à eux, parmi les fugueurs.

    Alors que les moins de 15 ans sont minoritaires parmi les enfants signalés en fugue, ils sont logiquement plus nombreux que leurs aînés à entrer dans la catégorie disparitions inquiétantes.