Russie : un journaliste risque la prison pour avoir retranscrit une audience ouverte au public

Le journaliste Victor Korb a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour avoir publié le discours d’un opposant politique. Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’usage abusif de la législation anti-terroriste et appelle les autorités à lever toutes les accusations portées contre le journaliste.

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Au petit matin du 18 mai, une dizaine d’hommes masqués se sont introduits de force dans l’appartement du journaliste Victor Korb à Omsk, en Sibérie. C’est à ce moment-là que le fondateur de plusieurs médias et plates-formes de discussion régionaux indépendants a découvert qu’il venait d’être mis en examen pour “propagande et apologie du terrorisme”.


A l’issue de plus de dix heures de perquisition, les policiers ont saisi tout le matériel informatique du journaliste et de sa famille ainsi que des documents et les archives de ses publications. Deux jours plus tard, alors que le journaliste allait prendre l’avion pour Moscou à l’aéroport d’Omsk, il a été interpellé par des agents de police et des membres des services secrets (FSB) qui lui ont remis deux convocations pour interrogatoire et notifié son placement sous contrôle judiciaire.


Selon les documents présentés au journaliste, il est reproché à Victor Korb d’avoir publié sur son site en avril 2015 la retranscription d’un discours de l’opposant Boris Stomakhine, prononcé lors de son procès, qui était ouvert au public. Pour cela, le journaliste risque jusqu’à sept ans de prison.


“Poursuivre un journaliste au prétexte d’avoir publié un discours prononcé publiquement est abusif et illustre parfaitement l’absurdité de la législation anti-terroriste russe et de l’usage qui en est fait, déplore RSF. Nous appelons les autorités à lever toutes les accusations portées contre le journaliste et à lui rendre immédiatement tout le matériel confisqué.”


Victor Korb est un journaliste célèbre dans sa région. A l’avant-garde du mouvement démocratique à l’époque de la chute de l’URSS, il crée en 1990 la première agence de presse d’Omsk DO-Info. Actuellement, en plus de ses activités journalistiques, il est aussi actif en tant que défenseur des droits humains.


La Russie occupe la 148e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2018, publié par RSF.
Publié le
Mise à jour le 25.05.2018