Kivu: comment le viol est-il devenu une arme de guerre?

Kivu : comment le viol est-il devenu une arme de guerre ?

© Saskia Violette

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Par Saskia Violette

Au cœur de l’Afrique, enclavé dans la région des Grands Lacs, à l’est du Congo, le Kivu, un lieu célèbre pour ses richesses naturelles mais aussi pour les fortes tensions qui y règnent. Ce territoire convoité par le plus grand nombre est marqué par de multiples guerres internes. Des conflits qui affectent la population congolaise.

La situation géographique particulière du Kivu a joué un rôle déterminant dans son histoire. Cette zone carrefour s’est retrouvée au milieu des tragédies de la région. À commencer avec le génocide rwandais en 1994. Ces massacres commis par des Hutus sur les Tutsis ont fait plus de 800 000 victimes, provoquant des répercussions sur l’ensemble du territoire congolais et en particulier au Kivu. Cette région étant proche du Rwanda, plus de 2 millions de Rwandais s’y sont réfugiés.

Une région en perpétuel conflit

Lors du génocide rwandais, les violences sexuelles pratiquées en masse se sont imposées comme une arme de destruction massive et le Kivu est devenu, malgré lui, le terrain de nombreux conflits entre des dizaines de groupes armés. S’ensuit une guerre interne en 1996, où le vice-gouverneur de la province du Kivu ordonne aux Rwandais du Kivu de quitter le Zaïre sous peine de mort. À la suite de cette guerre, Mobutu, alors président du pays, est chassé de son siège présidentiel, remplacé par Laurent-Désiré Kabila.

Et pour compliquer encore les choses, en 1998 une autre guerre éclate en RDC impliquant neuf pays africains et une trentaine de groupes armés. Ces groupes veulent renverser les gouvernements tutsis au pouvoir au Rwanda et au Burundi et contrôler les ressources naturelles du Kivu. C’est tous ces conflits, facteurs d’agressivité et de tension, qui ont favorisé l’apparition des violences sexuelles comme armes de guerre dans cette région de l’est du Congo.

Les richesses minières, un fléau plutôt qu’un atout

Pays minier par excellence, le Congo regorge des plus grandes richesses. L’or, le coltan, la cassitérite… Cette profusion de matériaux a attiré et attire encore aujourd’hui les investisseurs, les grandes multinationales et les braconniers. Tout le monde les convoite.

Corruption et Impunité : le talon d’Achille de la RDC

Ces ressources minières, présentes dans l’est du Congo, ne facilitent pas la diminution des violences sexuelles. Mais le problème ne vient pas seulement de ces richesses naturelles. L’impunité et la corruption sont également deux facteurs qui gangrènent la République démocratique du Congo. Nombreuses ont été les victimes qui se sont murées dans le silence. Elles hésitent à porter plainte par peur des représailles de leurs agresseurs, mais aussi parce qu’elles savent que leurs plaintes n'auront aucun impact.

Les violences sexuelles, une arme de guerre

Ces violences sexuelles devenues des armes de destruction massive sont donc très peu souvent jugées. Comme les agresseurs sont rarement condamnés, ils continuent leurs actes en toute impunité. Ces femmes doivent donc vivre au quotidien avec la peur au ventre sachant que leur assaillant vit en liberté dans le même quartier qu’elles. Des conditions de vie inhumaines pour ces femmes qui se battent chaque jour contre ces atrocités. Mais qu'attend la justice pour éradiquer ce fléau ?

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