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Manifestation anti-Macron : «Ce n'était peut-être pas très malin d'appeler ça une “Marée populaire”»

Selon la CGT, 250.000 personnes, dont 80.000 à Paris, ont répondu samedi à l'appel inédit d'une soixantaine de syndicats, partis politiques et associations, pour protester contre la politique d'Emmanuel Macron. Le ministère de l'Intérieur avance quant à lui 93.315 participants, dont 21.000 dans la capitale.

«Ce n'était peut-être pas très malin d'appeler ça une “Marée populaire”. Nous sommes bien loin encore du million dans toute la France…» Dans le cortège du PCF samedi à Paris, en arrivant à la Bastille vers 18h, destination finale du cortège parti de la gare de l'Est trois heures plus tôt, un militant reconnait que l'affluence n'est pas aussi forte qu'espérée. Selon la CGT, 250.000 personnes ont été mobilisées dans toute la France, dont 80.000 à Paris. Le ministère de l'Intérieur, de son côté, a dénombré 93.315 personnes à travers l'Hexagone, dont 21.000 manifestants à Paris. Le collectif de médias, quant à lui, avance 31.700 participants dans la capitale.

Dans le cortège du PCF, le secrétaire national, Pierre Laurent, reconnait lui aussi une légère déception. «Il y a encore du travail pour être plus nombreux». Mais à l'entendre, l'exercice est pourtant réussi. «C'est le signal donné qui nous importe: un signal d'unité dans le calme de personnes qui n'ont pas l'habitude de marcher ensemble. Une unité possible sans confondre les rôles des uns et des autres». En l'occurrence, les syndicats, dont la CGT, qui marchaient avec les partis politiques. «Il y a bien eu des heurts mais ils ont été anecdotiques dans une journée globalement festive», s'est félicité le sénateur PCF de Paris.

Philippe Martinez, leader de la CGT. Francois Mori/AP

Le ministre de l'intérieur, Gérard Collomb, de son côté, s'est demandé si certains n'ont pas renoncé à manifester «parce qu'ils craignent les violences» ou «parce qu'ils commencent à voir les premiers effets de la politique menée par ce gouvernement».

» Revivez notre direct

Ce qui a fait l'originalité de ce cortège, au milieu des nombreux autres, opposés à la politique d'Emmanuel Macron, c'est donc la diversité de sa composition. Le plus petit des satellites de la gauche radicale, de l'extrême gauche ou de l'ultra gauche - selon des appellations qui ne se recoupent pas toujours - se sont retrouvés à marcher ensemble au milieu des poids lourds de la CGT, de Sud, de La France Insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, du PCF, de Générations.s, le mouvement de Benoît Hamon, du NPA, de socialistes, d'associations comme Attac, Act Up, mais aussi de mouvements de jeunes étudiants et lycéens… «Pour une autre politique sociale car la politique pour les riches, ça suffit!», a lancé le patron de la CGT Philippe Martinez avant que le cortège parisien ne s'ébranle. «On a fait tomber les cloisons entre syndicats, politiques et associations. C'est un «one shot» pour l'instant, mais face au front de l'argent il faut un front des gens. Et si on n'a pas ça, on n'arrivera pas à sortir les Français de la résignation», a indiqué François Ruffin, le député LFI de la Somme qui avait organisé le 5 mai, dans les rues de Paris, une «fête à Macron».

Dénonciation des violences policières

En tête du cortège parisien, une tête concentrée, nerveuse et plus agitée, s'est aussi retrouvée toute une nébuleuse de personnes, plutôt jeunes, soucieuses de n'être associées à aucune organisations officielles, politiques, associatives ou syndicales. C'est dans ce cortège que des heurts avec les forces de l'ordres se sont déroulées, boulevard Beaumarchais, entre la place de la République et celle de la Bastille. Dans ce carré de tête improvisé, la cause commune tournait autour de la dénonciation des violences policières. Un comité construit en mémoire d'Adama Traoré a drainé de nombreux jeunes des quartiers populaires, mais aussi des intellectuels d'extrême gauche comme l'écrivain Edouard Louis. «C'est nous on braque Paris, c'est nous l'grand Paris», avaient-ils écrit sur une large banderole ouvrant leur cortège. Arrivés sur la place de la Bastille, ce comité Adama Traoré a investi les marches de l'opéra Bastille. La sœur de la victime, Assa Traoré, a pris la parole au micro dans une sorte de meeting improvisé. Au Figaro, elle a expliqué ne se reconnaitre dans aucun des partis présents, mais revendiquant être une voix des quartiers populaires, victimes d'une répression policière «néo-coloniale».

À gauche de la gauche, elle fait partie de ceux qui revendique la possibilité pour les militantes, de porter le voile, à l'image de la jeune responsable de l'Unef, Maryam Pougetoux. Une cause qui divise. Jean-Luc Mélenchon qui a défilé samedi dans sa circonscription, à Marseille, s'est ainsi opposé à ce voile, regrettant que la religion devienne «de plus en plus ostentatoire». Une position différente de celle de Génération.s ou du NPA, qui eux ont dénoncé d'une façon ou d'une autre la caricature de la jeune cadre de l'Unef faite en une de Charlie Hebdo. Chez les écologistes, la sénatrice Esther Benbassa, depuis son cortège samedi, a aussi dénoncé cette caricature. Mais en tête du cortège de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud, est restée fidèle aux convictions de son parti ouvrier. «Ils peuvent bien prendre la tête de la manifestation et se revendiquer porte-voix des quartiers populaires, nous, nous sommes convaincus que ces filles qui se disent libres de porter le voile, sont le fruit de pressions sociales et religieuses réelles». «Le voile est un signe de l'oppression de la femme», a-t-elle répété, reconnaissant que la politisation des quartiers populaires reste un véritable défi pour la gauche. «Dès qu'on pose les questions en terme cultuel et culturel il y a un risque de division. Alors que si l'on pose les questions en terme économique et social, on rassemble», a indiqué François Ruffin à Reporterre, faisant une distinction entre «les classes populaires d'origine immigrée des banlieues» et «les classes populaires blanches des campagnes».

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1124 commentaires
  • Bona Nay

    le

    Dans la manif, une pancarte disait ceci " Je ne suis pas de gauche. Je ne suis pas de droite. Je suis l'extrême-droite et je vous ai tous niqués. signé Emmanuel Macron".

  • papyMougeot

    le

    le moustachu à lunette
    se prend pour un intello
    miasme n'est qu'un pauvre tartuffe

  • papyMougeot

    le

    surtout que c'était à marée basse
    avec les remontées d'égouts et odeurs pestilentielles

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