Les autorités financières américaines s’inquiètent de manipulations des cours du bitcoin par des traders. Une enquête a été ouverte. Cette affaire relance le besoin de régulation des plateformes d’échanges de ces monnaies virtuelles, qui peuvent créer des dommages bien réels sur l’économie.  

Les autorités américaines ont ouvert une enquête criminelle sur des manipulations potentielles des cours du bitcoin et d’autres cryptomonnaies, rapporte l’agence Bloomberg News. C’est le ministère de la Justice (DoJ) qui conduit cette enquête, en collaboration avec la CFTC, l’autorité de régulation des marchés à terme et des produits dérivés, qui a autorisé fin 2017 des échanges d’instruments financiers permettant de spéculer sur la hausse ou la baisse du bitcoin.
Les autorités soupçonnent des traders de "spoofing", une pratique de marché visant à placer de faux ordres et à les retirer rapidement. Ces ordres non exécutés font bouger les prix des actifs dans une direction bénéfique pour les traders voulant exécuter l’ordre d’un client, ou les prix des contrats à terme dans une direction favorable aux traders qui doivent clôturer des positions.
Le Spoofing a été rendu illégal par la loi de régulation financière Dodd-Frank adoptée en 2010 pour éviter une nouvelle crise financière. Les devises électroniques sont particulièrement volatiles: le bitcoin a par exemple frôlé le seuil de 20 000 dollars l’unité lors d’une ascension folle en décembre, avant de chuter brutalement. Il s’échange actuellement aux alentours de 7 400 dollars.
9 millions de pertes en France
Outre la volatilité de ces monnaies, les régulateurs s’inquiètent de l’absence de régulation existant sur les plateformes d’échanges, ce qui en fait des actifs prisés des malfrats et autres trafiquants souhaitant blanchir de l’argent sale.
En France aussi, les autorités s’inquiètent de ces cryptomonnaies. Selon l’Autorité des marchés financiers (AMF), depuis janvier 2018, les pertes liées aux actifs virtuels comme le bitcoin se sont accélérées. 700 réclamations ont été faites auprès de l’Autorité pour pertes moyennes de 50 000 euros. Au final, plus de 9 millions d’euros de pertes liées aux crypto-actifs, tel le bitcoin, ont été recensées en France depuis début 2018.
En février 2018, Emmanuel Macron, lors de son discours au Forum économique mondial de Davos, déclarait qu’il était "favorable à ce que le FMI ait le mandat de surveiller la totalité du système financier international dont des pans entiers échappent à la régulation (…) Le FMI ne regarde pas les acteurs les plus dérégulés et les plus dérégulateurs de tout le système. Les bitcoins, les monnaies virtuelles, le shadow banking, sont les plus agressifs sur les marchés financiers. Ils peuvent créer des crises financières et déréguler des systèmes".
Ludovic Dupin avec AFP

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