Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

Hétéro, cisgenre et monogame : qui rêve encore d’être « normal » ?

Le sexe traditionnel et ses pratiques peu originales ne font plus rêver les jeunes, estime Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale du Monde ».

Publié le 27 mai 2018 à 06h36, modifié le 27 mai 2018 à 15h20 Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

LE SEXE SELON MAÏA

Qui veut encore être « normal » ? Pas les jeunes. Selon une étude américaine, 20 % des millennials (18-34 ans) se définissent comme LGBTQ (GLAAD, 2017). Même son de cloche en Angleterre, où 43 % des 18-24 ans se voient comme non strictement hétérosexuels (Yougov, 2015). Rangeons notre scepticisme : cette évolution ne provient pas d’un sursaut hormonal ou d’une mode (combien de temps allons-nous utiliser l’argument « mode » dès qu’un changement sociétal nous déplaît ?). Il ne s’agit même pas forcément d’une contestation solide des normes. Objectivement, le label hétéro cisgenre monogame ne fait plus rêver. Trop rigide, trop hiératique ! Ses pratiques sexuelles notamment perdent leur pouvoir d’adhésion. Alors, le temps de l’autocritique est-il venu ? Certainement.

Il n’est pas inexact que la sexualité « tradi » a des ratés : culpabilisation (des femmes en particulier), goût du secret, attraction/répulsion envers les organes génitaux… et une amplitude des pratiques réduite comme peau de chagrin. Le script psychosexuel « normal » ne connaît que cinq pratiques : baisers, caresses, fellation, cunnilingus, pénétration vaginale (déclinée en quatre positions populaires : missionnaire, levrette, amazone, petites cuillères). Tout le reste est du domaine de l’exceptionnel (un massage érotique pour la Saint-Valentin) ou du soupçon (pénétrations anales sur les hommes ou les femmes, jeux de rôles, costumes, utilisation de substances ou d’accessoires, fist-fucking, BDSM, tantra, nipple play, masturbations prises au sérieux, la liste est plus épaisse qu’une baguette tradition).

Non seulement cette sexualité « normale » se focalise sur le génital, mais elle est terriblement arrogante. Ainsi entendons-nous régulièrement des personnes se ravir d’un érotisme consistant à mettre des excroissances dans des orifices, et qui vantent les mérites de la libération sexuelle. Le ridicule ne tue pas : on a découplé la sexualité de l’intention reproductrice, tout en gardant comme incontestable Graal l’unique pratique permettant de se reproduire (sous vos applaudissements).

Encore aujourd’hui, la pénétration vaginale règne en maîtresse incontestée, et pas toujours commode, sur nos vies sexuelles. Elle marque chaque étape importante de notre trajectoire, de la défloration à la nuit de noces, de la validation d’une aventure (« on l’a fait ») aux orgies libertines (« on l’a fait, mais à plein »), du discours amoureux (« après les préliminaires, on l’a fait ») à la première débandade (« je n’ai pas pu le faire »). Nous voici face à l’exact même acte, répété sur une vie entière, avec tous les partenaires – un intérêt monomaniaque pour une pratique qui en outre, n’est pas particulièrement efficace (un tiers des femmes n’ont habituellement pas d’orgasme, contre 5 % des hommes – et chez les femmes qui en ont, l’adjonction d’une stimulation manuelle et/ou d’un cunnilingus est la meilleure manière d’obtenir une jouissance).

Il vous reste 62.1% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.