Toulouse se met à la fête silencieuse

Ce concept venu des Pays-Bas séduit de plus en plus de villes en guerre contre les nuisances sonores. Fini la musique à fond les ballons : maintenant, les danseurs sont équipés de casques !

 Toulouse (Haute-Garonne), samedi. La soirée dansante en plein air et sous casque permet de se déhancher sans nuisances sonores, et même d’attirer des familles.
Toulouse (Haute-Garonne), samedi. La soirée dansante en plein air et sous casque permet de se déhancher sans nuisances sonores, et même d’attirer des familles. LP/Rémy Gabalda

    Samedi soir, en traversant le quartier Saint-Cyprien à Toulouse (Haute-Garonne), les passants ont pu voir, surpris, des gens se déhancher, sans qu'aucun haut-parleur ne crache de son. Le bar-restaurant Smoking Barrel organisait sa deuxième « silent party »*. Le concept, importé des Pays-Bas, se développe depuis trois ans en France : il s'agit d'une soirée silencieuse. L'objectif : faire la fête sans déranger les riverains.

    Peu avant 19 heures, les trois DJ de la soirée sont juchés sur la scène, prêts à mixer : hip-hop et funk pour Mayday, musiques des Caraïbes pour Laundrymix, et bass music pour Skank. On loue son casque pour 5 €, en laissant sa carte d'identité comme caution.

    Les participants peuvent choisir leur musique grâce à différentes fréquences radio, changer de style à leur guise et même régler le volume. « Contrairement aux boîtes de nuit, ici on peut parler sans se crier dans les oreilles et, quand j'ai envie d'être dans ma bulle, je mets mon casque », explique Fabrice, la vingtaine.

    Beaucoup de jeunes, mais aussi des familles

    Pour le gérant du bar, Jonathan Dubourg, il s'agit au contraire de fédérer : « La soirée commence tôt. Toutes les générations peuvent venir. La mairie nous a donné l'autorisation jusqu'à 23 heures. Si tout se passe bien, nous irons jusqu'à minuit la prochaine fois. » Et en effet, parmi les participants, on trouve beaucoup de jeunes, mais aussi des familles.

    En reprenant l'établissement, il y a un an et demi, Jonathan Dubourg a souhaité innover. Pour sa première soirée silencieuse, en juin 2017, il a loué 200 casques. Son objectif désormais est d'organiser les suivantes dans des lieux insolites de Toulouse, comme le jardin du musée des Abattoirs, la Grave ou l'Ecole des beaux-arts.

    Même les serveurs portent des casques

    Sarah, une étudiante de 22 ans, est venue avec trois amies. Habituées des concerts et des scènes ouvertes, elles ont déjà leur casque. « Le seul hic, c'est qu'on ne peut pas danser et se parler en même temps », regrettent-elles. A 20 heures, une trentaine de casques sont loués. Les serveurs ont eux aussi la musique sur les oreilles. Une école de coiffure du quartier, la Barber School, propose de tailler gratuitement des barbes et de coiffer les femmes. « Ce festival est très accessible », sourit Paul, installé dans un fauteuil.

    Sarah et ses amies sirotent un verre pour papoter avant d'aller inaugurer la piste de danse. « J'avais déjà participé à une silent party en Italie. J'aime tester les nouveautés. On peut se brancher sur la même fréquence et partager la musique »,explique Mona. Une couleur correspond à chaque fréquence, mais rien qu'au déhanchement des danseurs Laundrymix devine qui écoute son mix. « J'adore les soirées où il y a plusieurs dancefloors. Ici, on réunit tout le monde sur la même piste. Le phénomène ne fait que commencer », estime-t-il.

    A 21 heures, la terrasse s'est bien remplie et tout le monde s'agite casque sur la tête. Enrique berce son nourrisson de 1 mois, tout en profitant de la musique. « Nos sorties sont limitées depuis que Leo est né. Cet événement nous permet de tout concilier ! »

    *Les prochaines soirées auront lieu les 9 et 23 juin, et le 7 juillet.