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Regain d’activité du groupe EI en Syrie

L’organisation Etat islamique a mené des attaques contre les forces syriennes et russes

Des soldats armés à l'entrée de la ville d'Afrin, Syrie. — © Nazeer Al-Khatib/AFP Photo
Des soldats armés à l'entrée de la ville d'Afrin, Syrie. — © Nazeer Al-Khatib/AFP Photo

L’organisation Etat islamique (EI) bouge encore dans l’est de la Syrie. Jusqu’à 76 éléments du régime syrien et de ses alliés sont morts ces derniers jours lors d’attaques menées par le mouvement djihadiste. Des combattants russes figurent parmi les pertes. «Deux conseillers militaires qui dirigeaient les tirs d’une batterie d’artillerie syrienne ont été tués dans la région de Deir ez-Zor. Cinq autres ont été blessés et transportés dans un hôpital militaire russe», a indiqué, samedi 26 mai, le Ministère de la défense à Moscou. Deux d’entre eux sont morts des suites de leurs blessures.

Cette attaque, perpétrée dans la nuit du 23 mai près de Mayadin, «avait été planifiée», a indiqué le président de la Commission de la défense à la Douma, Vladimir Chamanov. Les «terroristes se sont déplacés à grande vitesse dans des véhicules Toyota dotés de mitrailleuses lourdes», selon ses propos, cités par l’agence russe NSN. En plus des quatre militaires, deux autres Russes, des mercenaires cette fois, auraient été tués, selon le journal Novaïa Gazeta, qui cite une source anonyme. D’autres auraient été transférés dans un hôpital de Moscou.

Surnommés «Wagner» en Russie – un pseudonyme emprunté à l’un de leurs chefs, Dmitri Outkine, ex-officier du renseignement militaire (GRU) –, ces hommes travaillant pour des sociétés militaires privées sont notamment chargés de la surveillance des installations pétrolières.

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Dernier carré de combattants

Dans cette région, la coalition internationale estime qu’il resterait de 2000 à 2500 djihadistes regroupés dans une poche de 50 km sur la rive est de l’Euphrate. Des sources locales citées par la revue syrienne Ayn al-Madina (proche de l’opposition) évaluent leur composition à «un tiers de Syriens, un tiers d’Irakiens et un tiers d’étrangers, dont la majorité est originaire de pays du Maghreb et d’Asie centrale ou de l’Est».

Ce dernier carré de combattants profite des antagonismes entre ses différents adversaires pour tenter de survivre. Le régime de Bachar el-Assad et ses alliés tiennent la rive ouest de l’Euphrate, qui coupe la province de Deir ez-Zor en deux, tandis que des forces arabes et kurdes soutenues par les Etats-Unis opèrent sur la rive orientale.

La ligne dite de «déconfliction» qui longe le fleuve, mise en place depuis 2017, est destinée à empêcher tout affrontement entre les deux camps adverses. Mais ceux-ci ne se coordonnent pas et cherchent à s’affaiblir mutuellement.

Dans la nuit du 7 au 8  février, plus d’une centaine d’hommes armés combattant pour le régime syrien avaient ainsi péri sous des bombardements américains lors d’une tentative pour s’emparer d’un site gazier passé sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS). Parmi eux, des dizaines de mercenaires de nationalité russe.

Désintérêt temporaire des Kurdes

En janvier, c’est une autre crise qui a offert un répit à l’EI. Attaquées par l’armée turque et des brigades rebelles syriennes proches d’Ankara dans le nord-ouest du pays, les forces kurdes syriennes, colonne vertébrale des FDS, ont gelé leurs opérations contre le groupe djihadiste dans le sud-est. «L’incursion de la Turquie dans le canton d’Afrin a conduit la composante kurde des FDS à se désintéresser de la lutte contre l’EI. Ce qui a mené à un arrêt des opérations offensives soutenues par les Etats-Unis dans les provinces de Raqqa et de Deir ez-Zor», notait l’inspecteur général des opérations à l’étranger, dans un rapport remis au Congrès américain en mars.

«Le Département de la défense a continué à soutenir les éléments arabes des FDS. Mais, malgré des années de formation, d’aide et la présence de conseillers de la coalition, ces forces sont seulement capables de maintenir des positions défensives en l’absence de commandants et de combattants kurdes», ajoutait le rapport. Environ 2000 membres des Unités de protection du peuple (YPG) kurdes s’étaient alors redéployés dans le nord-ouest. Conséquence: «Les militants de l’EI ont attaqué les FDS et les positions du régime dans des régions en dehors de leur contrôle et ont pris pied dans de nouveaux territoires.» L’offensive kurde contre l’EI n’a repris que le 1er  mai.

La veille du raid djihadiste sur les positions syriennes et russes près de Deir ez-Zor, le 23 mai, une autre attaque éclair a coûté la vie à 26 membres des forces gouvernementales dans la province voisine de Homs. Deux jours auparavant, quelque 800 combattants de l’EI, retranchés dans le quartier de Yarmouk, au sud de Damas, avaient rejoint la Badya, cette vaste zone désertique qui s’étend de Homs à la vallée de l’Euphrate, à la faveur d’une évacuation négociée avec le régime de Damas.