“Dans près d’une centaine de villes, les opposants de gauche à la politique du gouvernement du président Emmanuel Macron sont de nouveau descendus dans la rue. Les manifestations et les revendications concernaient aussi bien la personnalité que la façon d’exercer le pouvoir du chef de l’État”, explique Die Tageszeitung en Allemagne. À l’appel de plus 60 organisations, des dizaines de milliers de personnes ont défilé en France samedi 26 mai, dont 32 000 à Paris d’après un décompte indépendant.

“Il est extrêmement rare qu’un an à peine après le début d’un mandat présidentiel, l’opposition descende manifester en aussi grand nombre contre le gouvernement. C’est peut-être le résultat le plus marquant de cette journée d’action contre Macron dans tout le pays”, poursuit le journal allemand de gauche.

La mobilisation sociale en France fait même la une du quotidien iranien Etemaad, pour qui les manifestations de ce week-end constituent “une sonnette d’alarme” pour le président Macron. Selon le chroniqueur du journal Ali Bigdeli, “Macron sera, selon toute évidence, incapable de mettre en œuvre ses réformes et cela compromettra ses chances de gagner un deuxième mandat”.

Etemaad, qui est l’un des rares quotidiens réformateurs et indépendants du pays, va encore plus loin dans son analyse en estimant que “ces manifestations servent Mme Marine Le Pen, leader de la droite radicale”. Le journal s’alarme d’une telle perspective :

Sa victoire pourrait donner naissance à un raz-de-marée de la droite dans toute l’Europe et l’apparition d’un nouveau Mussolini ou d’un nouveau Hitler. […] En insistant sur ses réformes économiques, Emmanuel Macron a commis une erreur irréparable.”

Un “clapotis” ?

Pour El País en revanche, “la ‘marée populaire’ n’était qu’un clapotis, avec moins de participation que les manifestations précédentes alors que les organisations étaient plus nombreuses à appeler à descendre dans la rue”. De plus, le quotidien espagnol souligne que “les figures principales de la contestation non seulement n’ont pas défilé ensemble, mais en plus l’ont fait dans des villes différentes” : Jean-Luc Mélenchon à Marseille et Philippe Martinez, de la CGT, à Paris.

La veille des manifestations, le gouvernement avait annoncé le reclassement de 35 milliards de la dette de la SNCF en “dette d’État” dans les années à venir. Et pourtant, “les cheminots, toujours en grève, défilaient au premier rang des manifestants à Paris, constate Die Tageszeitung. Ils sont actuellement le fer de lance de la résistance à la politique de réforme néolibérale de Macron.” Même le très libéral Wall Street Journal constate que “la France n’arrive toujours pas à apaiser les syndicats de cheminots”.

Le péril européen

Si d’après lui, “les grévistes de la SNCF n’ont plus le vent en poupe”, le quotidien suisse Le Temps évoque “une autre ‘fête à Macron’ qui pourrait avoir lieu, en provenance cette fois de Bruxelles” :

Au vu des convulsions politiques italiennes et du gouvernement populiste en formation à Rome, l’Élysée redoute un blocage de la feuille de route pour la réforme de la gouvernance de la zone euro proposée par la France à l’Allemagne. Le rendez-vous a été pris pour le sommet européen des 28 et 29 juin. Pile au moment de la fin prévue des grèves, et juste avant les vacances estivales. Sur les deux fronts, l’heure de vérité macronienne approche.”