Les victimes d’une politique eugénique envers les malades mentaux, révolue seulement depuis 22 ans, demandent aujourd’hui réparation à la justice japonaise. La presse s’est récemment emparée du sujet, qui n’avait auparavant jamais été porté à la connaissance des Japonais.

À partir de 1948, juste après la Seconde Guerre mondiale et dans un contexte de surpopulation, une loi eugénique fut votée au Japon. Elle imposa aux personnes présentant un handicap mental ou une maladie héréditaire d’être stérilisées, ou d’avorter en cas de grossesse. Appliquée jusqu’en 1996, elle a concerné environ 16 500 Japonais. “Parmi les victimes, environ 70 % n’ont pas été identifiées”, précise l’Asahi Shimbun.

“Un crime d’État”

Réagissant au débat suscité dans la presse par ces procès, un groupe de députés a entamé le 24 mai la rédaction d’un projet de loi pour l’indemnisation des victimes de ces stérilisations arbitraires.

‟Il s’agit d’un crime d’État”, juge le Tokyo Shimbun dans un éditorial. En janvier 2018, pour la première fois, une victime a vu sa plainte examinée par un tribunal. Aujourd’hui, des procès intentés par d’autres victimes débutent l’un après l’autre dans l’archipel.

Le gouvernement a toutefois indiqué qu’il n’y aurait pas d’excuses de la part des autorités, puisque ces stérilisations ont été accomplies dans un cadre légal. Pour le quotidien de centre gauche, ‟depuis toujours, dans la politique japonaise, la notion des droits de l’homme reste en sommeil”.