Émotion en Corse après le saccage volontaire de 1600 clémentiniers

Un rassemblement s’est tenu ce mardi pour soutenir un jeune agriculteur victime de vandalisme dans un climat de spéculation immobilière.

 Les photos diffusées par Sébastien Moretti montre les clémentiniers coupés intentionnellement.
Les photos diffusées par Sébastien Moretti montre les clémentiniers coupés intentionnellement. Sébastien Moretti / Facebook

    Vague d'indignation en Corse. Les marques de soutien des autorités locales se multiplient envers un jeune arboriculteur installé à Ghisonaccia (Haute-Corse), où 1600 de ses clémentiniers ont été volontairement coupés dans la nuit de dimanche à lundi. Un rassemblement de soutien était organisé ce mardi matin sur l'exploitation visée, rapporte France 3 Corse.

    Sebastien Moretti, un jeune exploitant fraîchement installé, qui cultive de la vigne et des clémentines, a dénoncé sur les réseaux sociaux la destruction de « 80% de son exploitation » par un «commando de courageux». «Je prépare ce projet d'installation depuis 3 ans, cette plantation est réalisée sur des terrains familiaux, je n'arrive pas à comprendre les motivations d'un tel acte », a-t-il écrit sur Facebook, estimant à plus de 70 000 euros la perte engendrée.

    CHJAMA !!! Bonjour à tous, J ai été victime cette nuit d’un ACTE DE VANDALISME INQUALIFIABLE: ma plantation de...

    Gepostet von Sebastien Moretti am Montag, 28. Mai 2018

    «Je suis connu pour être quelqu'un sans histoires, je n'ai pas de problèmes, même pas fonciers, ce sont des terrains familiaux, on essaie de comprendre mais on n'a pas de réponse, a témoigné Sébastien Moretti sur France Bleu. C'est des gens qui connaissent les clémentiniers et savent ce qu'il faut faire pour nuire à une exploitation. Je n'ai pas planté 50 hectares d'un coup pour mettre en péril la filière, 3,5 hectares c'est une aiguille dans une botte de foin. »

    Sur fond de «spéculation immobilière»

    Une enquête confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Ghisonaccia a été ouverte « du chef de destruction volontaire en réunion », a précisé la procureur de Bastia, Caroline Tharot.

    La ligue des droits de l'Homme de Corse a dit « entendre certaines inquiétudes dans le monde agricole qui font un lien entre cet acte destructeur et malveillant et la spéculation immobilière », appelant la justice à faire « toute la lumière sur cette affaire ». Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Corse a, lui, présenté sur Twitter Sébastien Moretti comme la «victime de la pression spéculative que subissent chaque jour un peu plus les agriculteurs en périphérie urbaine».

    « C'est un geste inqualifiable », a réagi Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de la Corse, qui s'est rendu mardi matin sur l'exploitation pour constater les dégâts et participer à un rassemblement de soutien qui a réuni entre 300 et 400 personnes. Gilles Simeoni a salué la « diversité » du rassemblement réunissant « beaucoup d'agriculteurs, des représentants de la filière, (...) des élus de toutes tendances (...) et de simples citoyens ».

    Un soutien financier du monde rural

    « On fera tout pour qu'il se retrouve dans la situation antérieure à l'acte » de vandalisme, a-t-il ajouté précisant «que la filière des agrumiculteurs a d'ores et déjà annoncé qu'elle ferait un geste financier de solidarité et l'Odarc (Office du développement agricole et rural de la Corse, NDLR) a mobilisé tous les instruments juridiques et financiers dont il dispose » pour lui venir en aide.

    Les principaux partis politiques de l'île, les chambres d'agriculture et les syndicats agricoles (FNSEA et Jeunes Agriculteurs) ont tous dénoncé cet acte, ainsi que le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.