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Santé

Bien-être au travail : la méditation arrive dans les entreprises

Stressés, débordés, hyperconnectés, les salariés sont soumis à de plus en plus de pression dans leur vie professionnelle. 480 000 d’entre eux connaîtraient de la souffrance psychique au travail d’après une étude de l’Institut national de veille sanitaire. Pour les aider à retrouver un peu plus sérénité, de plus en plus d’entreprises françaises leur proposent de tester la méditation. 

"Installez-vous confortablement, fermez les yeux et connectez-vous à votre souffle. Prenez conscience de l’air qui passe dans vos narines lorsque vous inspirez et expirez", voilà par quoi commence généralement une séance de méditation de pleine conscience. "Nous passons 46,9 % de notre temps à penser à autre chose que ce que l’on est entrain de faire. Nous sommes sans cesse en train de ruminer, d’anticiper souvent de façon peu productive et peu satisfaisante. La méditation, c’est l’art d’être présent ici et maintenant. C’est une parenthèse durant laquelle on ne se donne aucun objectif", explique Benjamen Blasco co-fondateur de l’application à succès Petit Bambou. 

De nombreuses études ont montré les bénéfices de la méditation sur la santé. Lorsque l’on sait que les Français ont acheté 41 millions de boîtes d’anti-dépresseurs en 2016 et que 480 000 salariés connaissent de la souffrance psychique au travail d’après une étude de l'Institut national de veille sanitaire de 2015, il semble que la méditation puisse avoir sa place dans l’entreprise. Aux Etats-Unis, Google a été le premier à proposer dès 2007 à ses employés un programme de méditation "Search inside yourself".  Dans les grandes entreprises françaises la pratique s’installe depuis quelques années. Le groupe Adeo, maison mère de Leroy Merlin France, a lancé en 2016, à l'initiative de salariés, un premier programme expérimental de réduction du stress par la méditation de pleine conscience (MBSR) sur 8 semaines avec une vingtaine de collaborateurs. L’expérience fut si fructueuse que quatre autres programmes ont été mis en place et très prochainement une salle de bien-être sera à disposition des salariés qui souhaitent continuer la pratique ensemble.

La méditation a changé ma façon de travailler."

Claire Guelton de Leroy merlin France et Julie Liebert d’Adeo ont fait partie du groupe pilote initié en 2016. "Après le programme, j’ai changé ma façon de travailler et d’appréhender le stress. Avant, j’étais très multi-tâches et j’avais du mal à canaliser mon énergie sur un sujet. Désormais, je gère mes tâches une à une et je suis bien plus efficace. Je laisse moins le mental gouverner ma vie. Je suis moins dans des injonctions telles que 'je dois', 'il faut que' mais plus dans le moment et dans le ressenti", reconnaît Claire. "En étant vraiment dans le moment présent, on est aussi bien plus à l’écoute des autres. La méditation développe l’empathie et la bienveillance", renchérit Julie.

Seule la régularité de la pratique apporte de réels effets

Du séminaire d’entreprise à la conférence en passant par un véritable programme de méditation sur plusieurs semaines, les initiatives varient. Mais c’est la régularité de la pratique qui apporte de réels effets. "Notre souhait est que cette pratique ne soit pas uniquement une pratique récréative entre midi et deux, pour faire joli. Les pouvoirs de transformation et d’évolution de la méditation sont importants si elle est placée dans le cadre d’une formation. Avec les moyens et le temps consacrés à une formation. Le potentiel d’évolution des compétences humaines a été prouvé de manière très tangible et représente un bon retour sur investissement. Mais il faut lui donner la place qu’elle mérite", argumente Dominique Retoux, formateur de méditation de pleine conscience.

La méditation ne peut pas être un pansement aux dysfonctionnements d’une entreprise."

"La crainte que l’on pourrait avoir, c’est de mettre la méditation en place pour donner plus de travail ou exiger une meilleure rentabilité", s’inquiète Marie-Odile Roux qui s’occupe du programme entreprise au centre bouddhiste Kadampa. En effet, La méditation ne peut pas être un pansement aux dysfonctionnements d’une entreprise. Elle doit s’inscrire dans une politique plus large de bien-être au travail. "Si l’instructeur est intègre et propose une pratique intègre, il n’y a aucune chance pour que la méditation soit instrumentalisée", tempère Dominique Retoux. 

La méditation n’est pas magique, c’est un entraînement

Si la pratique semble simple et les résultats miraculeux, il ne faut cependant pas penser qu’il suffit de se mettre en position du lotus et de fermer les yeux cinq minutes par jour pour en voir tous les effets. La méditation demande de la persévérance. "Pour en mesurer les bénéfices, elle doit s’insérer dans tous les moments de la vie quotidienne : lorsque je marche, je parle, je fais une présentation. Cela ne doit pas juste être des bulles de sérénité entre deux courses contre la montre. Ce n’est pas magique. C’est un entraînement. Tout le défi des programmes de formation est d'arriver à ce que les gens l’intègrent dans leur quotidien avec régularité. Et souvent, on oublie de le faire", conclut Dominique Retoux.