L’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (Ibama – Instituto brasileiro do meio ambiente e dos recursos naturais renováveis) a rendu un nouvel avis négatif, mardi 29 mai, sur le projet du groupe pétrolier français Total, qui souhaite exploiter le pétrole et le gaz à l’embouchure du fleuve Amazone. L’Ibama considère les études d’impact environnemental « insuffisantes » et demande de nouvelles précisions à Total, ce qui fait dire à la compagnie française que ce projet reste viable. Selon certaines sources au Brésil, elle aurait un nouveau délai de trois à quatre mois pour répondre aux interrogations d’Ibama.
« Les nouvelles observations formulées par l’Ibama sur notre projet d’exploration dans l’embouchure de l’Amazone ne constituent en aucun cas un rejet de celui-ci. Ces échanges réguliers font partie du processus préalable à l’attribution par les autorités locales du permis nécessaire pour engager toute opération. Total va analyser les besoins d’informations complémentaires demandées par l’IBAMA concernant l’étude d’impact environnemental du projet et y répondra », explique le pétrolier, mercredi 30 mai. Une réaction identique aux épisodes précédents, en 2017 notamment, au cours desquels l’institut brésilien avait déjà fait part de nombreuses observations concernant l’étude d’impact environnemental menée par Total, en particulier sur la potentielle dispersion de polluants dans la zone d’exploration, et les capacités d’intervention du pétrolier en cas d’accident sur une des plate-formes off-shore. Le projet d’exploration « présente des lacunes et des incohérences qui le rendent irréalisable », indique, cette fois, l’Ibama, évoquant des clarifications nécessaires.
« Revers »
« C’est un quatrième revers pour Total, ce qui démontre encore une fois que la compagnie pétrolière est incapable de répondre aux exigences d’Ibama. Manifestement, Total n’est pas en mesure de maîtriser les risques inhérents à son projet, ce n’est pas Greenpeace qui le dit, ce sont les autorités brésiliennes ! Jusqu’où continuera cette farce de la part de Total ? Ils sont dans le déni en continuant d’affirmer que le processus suit son cours normal », a réagi, mercredi, Edina Ifticène, chargée de campagne pour Greenpeace France. L’avis de l’Institut brésilien tombe alors même que l’organisation écologique a mené une nouvelle campagne, en avril et mai, au large des côtes de la Guyane, pour observer le massif coralien qui s’étend face aux côtes brésiliennes. Cette expédition, menée avec des scientifiques sur son bateau, l’Esperanza, a permis de revoir à la hausse la taille du récif et son extension jusque dans les eaux françaises, où Total a également des projets de forage.
Total, qui s’est associé à d’autres sociétés – comme le britannique BP et le brésilien Queiroz Galvao – pour acquérir des zones d’exploration à l’embouchure de l’Amazone, n’a donc pour le moment pas obtenu la permission des autorités, nécessaire pour commencer les travaux.
« L’embouchure de l’Amazone possède un vaste récif corallien, fondamental pour l’équilibre environnemental car c’est un lieu de reproduction, une source de nourriture et le berceau de diverses espèces marines », avait averti il y a deux semaines le procureur d’un Etat fédéral, opposé à toute nouvelle licence avant d’être complètement fixé sur l’impact que l’exploitation du pétrole brut peut avoir sur le lieu.
Voir les contributions
Réutiliser ce contenu