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Plan grand âge pour les Ehpad : 300 millions d’euros supplémentaires en 2019

La ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a appelé mercredi à lutter contre la « mise à l’écart » des personnes âgées.

Par  et

Publié le 30 mai 2018 à 18h16, modifié le 31 mai 2018 à 10h13

Temps de Lecture 4 min.

Pour les Ehpad, 143 millions d’euros supplémentaires viendront s’ajouter aux 217 millions déjà prévus pour la période 2019-2021.

Des mesures d’urgence, et une vision à long terme. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a pour la première fois énoncé les objectifs du gouvernement en matière d’accompagnement du vieillissement de la population, lors de la présentation de sa feuille de route pour les personnes âgées, mercredi 30 mai. Sa position était attendue, après la colère sans précédent des personnels et des directeurs d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), qui se sont massivement mis en grève à deux reprises depuis le début de l’année pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et des conditions d’accueil des résidents.

Sans être un « plan Marshall » en faveur des maisons de retraite, l’effort financier est significatif. Près de 300 millions d’euros de dépenses annuelles nouvelles pour la seule année 2019 en faveur de l’accompagnement des personnes âgées ont été annoncés, selon des calculs du Monde confirmés par le ministère.

La mesure la plus visible – et la plus attendue – porte sur l’augmentation du nombre de soignants auprès des résidents. Grâce à une accélération du calendrier de mise en œuvre de la réforme de la tarification des soins dans les Ehpad, 143 millions d’euros supplémentaires viendront s’ajouter aux 217 millions déjà prévus pour la période 2019-2021.

Ce budget ne permettra pas d’atteindre le ratio de 60 soignants pour 100 résidents

Mme Buzyn n’a toutefois pas été en mesure de dire combien de postes supplémentaires d’infirmiers ou d’aides-soignants ce budget pourrait créer. Il ne permettra en tout cas pas d’atteindre le ratio de 60 soignants pour 100 résidents préconisé en mars par la mission d’information parlementaire menée par les députées Monique Iborra (LRM, Haute-Garonne) et Caroline Fiat (LFI, Meurthe-et-Moselle) – et repris par les organisations syndicales – qui avait évalué les besoins à 7 milliards d’euros par an. « On n’en est pas là, commente Mme Iborra. Mais c’est une augmentation substantielle. »

Rénovation des Ehpad

Agnès Buzyn a également annoncé une augmentation du nombre d’infirmiers de nuit dans les Ehpad, grâce à une « astreinte infirmière mutualisée entre plusieurs établissements d’un même territoire ». Une mesure qui coûtera 10 millions d’euros en 2019 et 16 millions en 2020, et qui devrait permettre de « réduire les hospitalisations en urgence évitables ». C’est dans ce même objectif que le plan prévoit de « généraliser » l’accès à la télémédecine pour les personnes âgées, avec un budget de 40 millions d’euros sur la période 2018-2022.

100 millions d’euros chaque année pour les Ehpad les plus anciens

Parmi les autres mesures significatives, la promesse d’accorder 100 millions d’euros chaque année à partir de 2019 pour rénover les Ehpad les plus anciens, 15 millions pour développer l’« habitat inclusif » (permettant de vivre à plusieurs dans un même ensemble de logements, en mutualisant une aide quasi permanente), ou encore 16 millions d’euros d’ici à 2022 pour renforcer le nombre et les effectifs des équipes mobiles de gériatrie. Mille places provisoires en Ehpad seront, par ailleurs, réservées aux personnes âgées qui souhaiteraient y être hébergées temporairement après une hospitalisation. Un plan en faveur des métiers liés à la prise en charge des personnes âgées, qui connaissent une désaffection, est en outre annoncé.

« Insuffisant »

Ces annonces ont été présentées comme une première étape par Mme Buzyn, qui a confirmé le lancement d’une consultation nationale sur l’adaptation de la société au vieillissement et le financement de la prise en charge de la dépendance, qui devra aboutir au début de 2019. « Notre pays n’a pas encore su trouver un vrai modèle de prise en charge de la perte d’autonomie, a affirmé Mme Buzyn. Si nous ne prenons pas un virage consistant à mettre fin à une mise à l’écart relative des personnes âgées du reste de la société, nous courons le risque d’une forme de relégation indigne des valeurs qui fondent notre République. » Cette concertation se déroulera sous forme d’auditions, de débats en régions et par le biais d’un site Internet.

Elle devra répondre aux questions suivantes : quel socle de biens et de services devra être accessible à toutes les personnes âgées à l’avenir ? Comment les financer ? Qui pilotera cette politique ?

Mais la ministre s’est refusée à traiter le sujet du vieillissement uniquement sous l’angle sanitaire. « Vieillir, c’est aussi vivre normalement le plus longtemps possible », a-t-elle affirmé. Alors que les personnes âgées entrent aujourd’hui en Ehpad sans y consentir et doivent se plier à l’organisation collective de l’établissement, « les lieux où vivront à l’avenir les personnes doivent être plus ouverts et permettre de préserver une marge de manœuvre pour les choix individuels », a poursuivi Mme Buzyn. Il faudra aussi que la ville, le logement, les transports s’adaptent au vieillissement de la population « pour créer les conditions d’une société qui n’exclut personne ».

Ce plan a été diversement accueilli. « S’il constitue un réel pas en avant, il n’est clairement pas à la hauteur des attentes », a réagi dans un communiqué l’Association des directeurs au service des personnes âgées, une organisation de directeurs d’Ehpad. « Le déblocage de 143 millions d’euros sur trois ans est positif, mais il reste insuffisant pour compenser la baisse des emplois aidés. » L’association soutient néanmoins les « grandes ambitions » du gouvernement. La députée Monique Iborra salue la « prise en compte globale de la question du vieillissement », tout comme Luc Broussy, président de France Silver Eco, une association qui fédère les acteurs de la filière de l’économie des seniors.

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« Le gouvernement lance un débat public sur le vieillissement, veut donner la parole aux personnes âgées, propose la création d’un cinquième risque pour la perte d’autonomie, c’est inédit, commente Jérôme Guedj, conseiller départemental (PS) de l’Essonne, très investi sur ce sujet. On attend de voir la suite. »

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