1968-2018

Revenus : le retour des inégalités

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Port de Saint-Tropez PHOTO : ©Laurent GRANDGUILLOT/REA

La France de 2018 est beaucoup moins inégalitaire que celle de 1968. Contrairement à une vision enchantée du progrès, les vingt années de croissance qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale sont marquées par une forte progression des écarts de revenus : la France qui s’enrichit est d’abord la France qui va bien, celle des cadres. La pauvreté demeure massive. Plusieurs dizaines de milliers de personnes vivent dans les immenses bidonvilles d’Ile-de-France (Nanterre, Noisy-le-Grand, Saint-Denis...). Mai 1968 est aussi une révolte contre l’accaparement des revenus par une minorité.

Parenthèse enchantée

Les années 1970 et le début des années 1980 voient la mise en oeuvre de politiques sociales, de l’élévation du salaire minimum aux allocations logement, qui réduisent considérablement les écarts de niveaux de vie. En 1970, le seuil des 10 % les plus riches était 4,5 fois plus élevé après impôts et prestations sociales que le seuil des 10 % les plus pauvres. En 1984, ce rapport n’est plus que de 3,3.

En 1970, le seuil des 10 % les plus riches était 4,5 fois plus élevé après impôts et prestations sociales que le seuil des 10 % les plus pauvres. En 1984, ce rapport n’est plus que de 3,3.

Mais ce moment fort de solidarité de notre histoire ne durera pas. A partir du milieu des années 1990, l’explosion du chômage dégrade le rapport de force sur le marché du travail. La démographie aggrave les choses : la progression des ruptures familiales fait que de plus en plus de femmes élèvent seules leurs enfants. Les inégalités reprennent leur progression. Et la crise de 2008 rend la situation encore plus difficile.

Il faut se méfier des anachronismes. La France de 2018 est beaucoup plus protectrice que celle de 1968. Les Français sont bien mieux soignés et éduqués, les transports publics ont été modernisés. On supporte beaucoup moins de voir la misère dans les rues. Mais comme en 1968, la France d’aujourd’hui est marquée par une forte progression des inégalités de niveaux de vie. La grande différence, c’est que nous ne sommes plus dans un régime de croissance comme dans les années 1960, où la situation des plus démunis s’améliorait. A partir de la fin des années 2000, on voit pour la première fois les niveaux de vie des plus pauvres baisser et les plus riches s’enrichir. Cette évolution nourrit de très fortes tensions sociales.

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