C’est un potentiel désastre financier dont Anne Hidalgo se serait bien passée. Et dont elle cherche à sortir, en vain, depuis des mois. Alors qu’elle est confrontée au fiasco de l’installation des nouveaux Vélib’, la maire de Paris a, sur son bureau, un autre dossier plus confidentiel mais non moins empoisonné : le déficit d’Autolib’. La flotte de voitures grises électriques en libre-service qui sillonnent Paris depuis 2011, ainsi que 97 communes d’Ile-de-France, seraient, aux dires de son propriétaire, le groupe Bolloré, source d’un trou financier considérable. L’industriel breton refuse de combler le gouffre seul, mais, jusqu’ici, les négociations avec Mme Hidalgo et son cabinet ont tourné court.
Vendredi 25 mai, une lettre signée de la direction du groupe industriel a mis, de nouveau, les services juridiques et financiers de la Ville de Paris sur les dents : le groupe Bolloré réclame aux 98 communes une somme de quelque 40 millions d’euros par an jusqu’au terme de la délégation de service public, en 2023. Le même jour, la missive du groupe Bolloré est parvenue au syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM), chargé du suivi de la délégation de service public confiée à Bolloré. Il devait réunir son comité syndical, qui compte une centaine d’élus, jeudi 31 mai. Certains commencent à s’agacer de ne pas avoir accès aux coulisses des tractations entre la Mairie de Paris et Bolloré. La présidente du syndicat, Catherine Baratti-Elbaz, maire (PS) du 12e arrondissement, risque de devoir se contenter de les rassurer faute de décision à ce stade.
Pourtant, le SAVM dispose, depuis plusieurs mois, de chiffres catastrophistes. Selon les informations du Monde, le plan d’affaires le plus récent établi par Bolloré, qui date de 2017, établit que le déficit cumulé en 2023 atteindrait 293,6 millions d’euros.
Contrat redoutable pour les collectivités
Or, le contrat négocié en 2011 entre Bertrand Delanoë et Vincent Bolloré se révèle redoutable pour les collectivités. Il impose à l’industriel de ne prendre en charge les pertes que jusqu’à 60 millions d’euros. Au-delà, les communes sont tenues de lui régler le reste de l’ardoise.
Menace d’une facture virtuelle de 240 millions d’euros à honorer d’ici cinq ans
M. Bolloré fait donc planer une épée de Damoclès financière au-dessus du budget des communes : la menace d’une facture virtuelle de quelque 240 millions à honorer d’ici cinq ans. Chaque commune est tenue de contribuer au prorata du nombre de stations Autolib’ sur son territoire. Du coup, Paris, qui en compte la moitié, serait le plus gros contributeur. Issy-les-Moulineaux, Nanterre, Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, très équipées en bornes Autolib’, pourraient aussi devoir verser un plus gros écot que d’autres.
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