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Belattar à l'Elysée : «Une faute» selon Valls... qui se fait sèchement recadrer

Le porte-parole du chef de l'Etat réplique à l'ancien Premier ministre qui s'indigne que Macron ait pu confier à l'humoriste le rôle de maître de cérémonie.
par Alain Auffray
publié le 30 mai 2018 à 17h57

Manuel Valls a une nouvelle fois dénoncé la nomination par le chef de l'Etat de Yassine Belattar au Conseil présidentiel des villes. «Une faute», s'est-il indigné ce mercredi sur France Inter. L'ancien Premier ministre n'a visiblement pas apprécié que l'«humoriste controversé» ait été choisi pour animer «l'événement de mobilisation en faveur des quartiers prioritaires» organisé au palais de l'Elysée le 23 mai. N'hésitant pas à le comparer à Dieudonné, autre «humoriste controversé», Valls estime que Belattar «porte le relativisme».

A l'appui de cette accusation, il a repris mercredi le passage d'un débat télévisé au cours duquel ce dernier avait estimé que Paris ne pouvait pas s'interdire de juger en France les jihadistes partis en Syrie. «Si nos enfants foutent le bordel à un anniversaire, je ne vais pas dire aux parents : gardez-les, je viendrai les chercher quand ils seront calmes», avait-il lancé pour illustrer ses propos. Pour Valls, pas de doute : cette métaphore devait être prise au premier degré. Le combat des jihadistes ne serait donc, aux yeux de Belattar, qu'une fête d'anniversaire…

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Agacement

Passablement agacé par ces attaques incessantes, un proche de l'Elysée se désole que «Valls et ses amis du printemps républicain passent leur temps à exclure et à créer des ghettos alors qu'ils prétendent les combattre». Une faute politique ? Le porte-parole de l'Elysée, Bruno Roger-Petit, fait savoir à Valls que «comme n'importe quel citoyen Français, Yassine Belattar a naturellement vocation à participer au débat public». Dimanche dernier, sur BFM TV, Belattar avait jugé que le député LREM de l'Essone était «l'un des hommes qui a le plus brisé le vivre-ensemble ces dernières années». «C'est lui qui a décidé de distribuer les bons et les mauvais points de la francité depuis quelques années. […] Il m'a retiré ma francité […] il a fait de moi un opposant à la République», avait-il ajouté.

Tout comme la définition de la laïcité, le cas Belattar divise la Macronie. Certains élus de la majorité n'ont pas apprécié de découvrir Bellatar en maître de cérémonie à l'Elysée. D'autres approuvent sans réserve l'initiative. «Il est normal et sain que le chef de l'Etat cherche à connaître l'avis de personnalités disruptives. Ça ne veut pas dire qu'il est d'accord sur tout, loin de là», confie le député LREM Saïd Ahamada, animateur du groupe de travail parlementaire sur la politique de la ville. Il qualifie de «délirante et irresponsable» la charge de l'ex-Premier ministre, assimilant Belattar à Dieudonné. S'il fallait regretter une «faute» du chef de l'Etat, ce serait plutôt, selon lui, «d'avoir pris Valls dans la majorité».

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