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Transports

Comment Renault et Peugeot ont gonflé artificiellement jusqu'à 7 fois les prix des pièces détachées

Yann Philippin, journaliste à Médiapart et invité de la matinale de Jean-Jacques Bourdin ce jeudi 31 mai, révèle une enquête choc menée par le journal sur les deux constructeurs automobiles français.

C’est une enquête choc de Mediapart. Menée avec le réseau européen de journalistes d’investigation, des documents confidentiels, obtenus par les journalistes, montrent que les deux constructeurs français, Renault et PSA, ont artificiellement gonflé les prix, déjà très élevés, de leurs pièces détachées.

Cette manœuvre aurait été réalisée grâce à un logiciel très sophistiqué fourni aux deux constructeurs français par Accenture, qui permet de réaliser des hausses de prix de façon presque indétectable.

"1,5 milliard d’euros sur 10 ans, que les automobilistes ont payé en trop"

Le prix des pièces détachées, bien souvent noyé dans la facture, est impossible à contester et c’est souvent l’assurance qui paye la réparation des voitures. Bien que tout le monde consente à témoigner de leur prix trop élevé, pour la première fois, cette accusation est documentée et prouvée. "Chez PSA, en moyenne, les pièces détachées étaient vendues avant le logiciel, cinq fois plus cher que leur coût. Et après le logiciel, c’est sept fois plus", explique Yann Philippin, journaliste à Mediapart.

"Il y a une double révélation dans notre article qui parait ce matin sur Mediapart. La première, c’est que ce logiciel a permis à PSA et à Renault, d’augmenter les prix de leurs pièces détachées de 15% chacun, 15% pour l’un, 15% pour l’autre. Ce qui leur a rapporté, au détriment des automobilistes qui font réparer leur voiture, 200 millions d’euros au total. Soit, 1,5 milliard d’euros sur 10 ans, qu'ont payé en trop les automobilistes".

"30.000 pièces du côté de Renault et 45.000 pour PSA"

Un autre soupçon est porté sur les constructeurs français. Utilisant le même logiciel et obtenant le même pourcentage de hausse, il semblerait donc qu’ils se soient entendus pour gonfler leurs prix. Une pratique illégale.

"Quand vous avez 30.000 pièces du côté de Renault et 45.000 pour PSA, avec autant de hausses et de baisses des prix, moi je voudrais qu’on m’explique comment c’est possible d’arriver exactement à la même hausse de chaque côté (…) De plus, un témoin affirme qu'une réunion de coordination sur le fonctionnement du logiciel a eu lieu", précise Yann Philippin.
Bourdin Direct (avec C.P.)