Avignon : l'acteur fétiche d'Olivier Py s'évade pour rejoindre les Kurdes

Par B.H.

Emprisonné au Pontet, Jean-Michel s'était révélé au sein de l'atelier théâtre créé par Olivier Py, à la prison, jusqu'à devenir l'acteur vedette de la pièce "Hamlet", en juillet dernier. Il devait remonter sur scène dans un mois pour jouer "Antigone".

Emprisonné au Pontet, Jean-Michel s'était révélé au sein de l'atelier théâtre créé par Olivier Py, à la prison, jusqu'à devenir l'acteur vedette de la pièce "Hamlet", en juillet dernier. Il devait remonter sur scène dans un mois pour jouer "Antigone".

Photo r.J.

Avignon

Condamné en novembre 2011 à 15 ans de réclusion pour assassinat, Jean-Michel, 42 ans, qui a déposé une requête en aménagement de peine, n'a pas réintégré, dimanche, le centre de détention du Pontet après une permission de sortir. Le décès récent de son père aurait fragilisé cet homme qui, dans un contexte de tension familiale, a décidé en quittant le domicile de sa mère, "plutôt que de se suicider dans le Rhône", comme il le lui avait annoncé, de se rendre en Irak pour combattre au côté des Kurdes du PKK, une "cause noble" qu'il souhaitait défendre. Cet homme qui se dit "marxiste" et être "le plus communiste" de sa famille n'a pas trouvé à Marseille de contact avec des membres de la communauté kurde.

Il voulait combattre pour "une cause noble"

Et s'il lui est plus légitime d'aller combattre que de monter sur les planches, c'est bien Olivier Py, le directeur du Festival d'Avignon qui l'a convaincu de mettre un terme à cette évasion. Jean-Michel participe, en effet, depuis quatre ans, à l'atelier théâtre de la prison du Pontet, dirigé par le patron du Festival d'Avignon. Il est même devenu l'acteur vedette du "Hamlet" monté en juillet dernier par Olivier Py avec qui il a des projets de théâtre et notamment un nouveau rôle à tenir dans "Antigone", pièce interprétée à la Scierie par des détenus du Pontet, les 18, 19 et 20 juillet prochains.

Jean-Michel a, finalement, été arrêté alors qu'il marchait sur la bande d'arrêt d'urgence de l'Autoroute A7 avec l'intention de rejoindre le centre de détention du Pontet. Jugé lundi pour cette évasion, la vice-procureur a dénoncé "cet état d'évasion d'un homme qui a déjà bénéficié de 13 permissions de sortir" et "n'aurait pas apprécié de devoir se rendre dans quelque temps à Paris au centre national d'observation, dans le cadre de sa demande d'aménagement de peines au prétexte qu'il aurait déjà fait des efforts d'insertion". Il est demandé une peine d'un an de prison avec retour derrière les barreaux.

En défense, Me Soufflet a tenté d'évoquer le parcours atypique de Jean-Michel qui a envisagé un temps une formation de berger avant de croiser la route d'Olivier Py et le monde du théâtre. "Il est dans une période complexe marquée par le décès de son père", a plaidé l'avocate qui a demandé la clémence du tribunal. Après délibéré, le tribunal a toutefois condamné Jean-Michel à la peine de six mois de prison, ce qui ne manque pas de poser des questions sur sa participation au prochain Festival.