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L'astucieuse initiative de « Make our planet great again »

Capture d'écran de la déclaration d'Emmanuel Macron retransmise par LCI, lors de l'annonce de la riposte française. -/AFP

Après le retrait de l'accord de Paris annoncé par Donald Trump, la France a recruté 32 chercheurs qui travaillaient à l'étranger et va en sélectionner encore une dizaine.

Un coup de maître. En détournant le thème de campagne de Donald Trump, et en lançant son «Make our planet great again» («Fabriquons à nouveau une grande planète»), Emmanuel Macron a riposté à la sortie annoncée des États-Unis de l'accord de Paris. Il a lancé le recrutement de chercheurs internationaux, spécialisés dans les sciences du climat, qui seraient pénalisés par la décision américaine. Un an plus tard, 32 chercheurs de haut niveau ont été recrutés par la France, pour des contrats de trois à cinq ans. Et une dizaine supplémentaire est en cours d'embauche. Les derniers prétendants devaient déposer leur dossier au plus tard le 31 mai 2018.

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Mais seulement un tiers des lauréats sont des citoyens américains (11 sur 32) et un peu plus de la moitié travaillaient aux États-Unis (18 sur 32). Les recrutements concernent également huit Français partis à l'étranger, cinq Canadiens, deux Allemands, deux Espagnols, un Italien, un Britannique, un Grec et même un Péruvien. Un candidat qui avait même été retenu par le jury de 10 experts internationaux, conduit par Corinne Le Quéré, professeur de sciences du changement climatique à l'université d'East Anglia et directrice du Tyndall Centre, a décidé de ne pas venir en France. «Car son université d'origine aux États-Unis lui a alors accordé une augmentation de salaire pour le garder», précise un membre du jury.

« Souvent, les chercheurs ont exprimé le souhait de travailler dans un pays qui valorise la science ».

Scott Collins, rédacteur en chef de BioScience

Quoi qu'il en soit, un an après le lancement de cette initiative, force est de constater que le projet a été un succès. D'abord, en termes d'image pour le chef de l'État. L'audace d'Emmanuel Macron a été saluée dans de nombreuses revues scientifiques. «Je doute que 30 millions d'euros permettront de fabriquer à nouveau une grande planète. Mais j'admire néanmoins Macron et la communauté scientifique française», a indiqué Scott Collins, rédacteur en chef de la revue américaine BioScience, qui a participé au processus de sélection en France. Et d'expliquer que: «souvent les chercheurs ont exprimé le souhait de travailler dans un pays qui valorise la science».

Des chercheurs réputés dans la communauté internationale

Même si le projet d'Emmanuel Macron a fait grincer des dents dans la communauté des chercheurs français, dont certains déplorent un manque de moyens dans leurs laboratoires, la qualité des dossiers et des candidatures était impressionnante. C'est notamment le cas de l'entomologiste américaine Camille Parmesan, qui rejoindra à l'automne le centre de Moulis (Ariège) pour cinq ans. Elle a été l'une des premières à démontrer qu'à cause du réchauffement climatique, des papillons se déplaçaient dans des zones plus froides pour s'implanter. Par ailleurs, le Canadien Venkatramani Balaji est très réputé dans la modélisation du climat. Il dirigeait un programme conjoint de l'université de Princeton et de la NOAA (Administration nationale sur les océans et l'atmosphère). Son projet Hermès (Modélisation à haute résolution du système Terre) «prévoit des simulations de très grande précision, à la limite des technologies actuelles de l'informatique», précise son université d'origine. Il est recruté par le CEA de Saclay, qui porte son projet d'un coût total de 2,4 millions d'euros sur cinq ans, mais il rejoindra le campus de Jussieu (Sorbonne universités) et le fameux institut Pierre-Simon Laplace. Outre le CNRS, de nombreux instituts (Institut de physique du globe de Paris, IRD, Irstea, etc.) et d'universités (Strasbourg, Paris-Diderot, Paris-Saclay, UPMC...) accueillent les lauréats.

Couvrir également les sciences humaines et sociales

Pour la dernière phase de recrutements, le comité de pilotage scientifique, conduit par le CNRS, est prié de mettre davantage l'accent «sur les sciences humaines et sociales», afin de bien couvrir tous les volets des sciences du climat, de la transition énergétique au développement durable en passant par la modélisation de la Terre et les impacts économiques et biologiques.

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