Espagne : Mariano Rajoy renversé par le Parlement et remplacé par Pedro Sanchez

Espagne : Mariano Rajoy renversé par le Parlement et remplacé par Pedro Sanchez
Mariano Rajoy, le 31 mai 2018. (FRANCISCO SECO/AP/SIPA)

C'est une page de l'histoire politique espagnole qui se tourne, Mariano Rajoy, 63 ans, étant au pouvoir depuis décembre 2011.

Par Le Nouvel Obs
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Il a admis sa défaite au Parlement, avant même le vote. Le chef du gouvernement conservateur espagnol Mariano Rajoy, affaibli par la condamnation de son parti dans un procès pour corruption, a été renversé par le Parlement espagnol ce vendredi 1er juin et remplacé par le socialiste Pedro Sanchez.

En félicitant son rival, le chef du gouvernement conservateur à la chambre avait déclaré, avant même le vote :

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"Nous pouvons présumer que la motion de censure sera adoptée. En conséquence, Pedro Sanchez va être le nouveau président du gouvernement."

Corruption en Espagne : motion de censure, élections anticipées... Rajoy et son parti isolés

Le scrutin était déjà joué puisque le soutient décisif, annoncé jeudi, des cinq députés du Parti nationaliste basque (PNV) donnait en effet au numéro un du PSOE la majorité absolue de 176 sièges nécessaire pour déposer Mariano Rajoy et s'asseoir dans son fauteuil au palais de la Moncloa.

Une page va se tourner 

Avec le départ de Mariano Rajoy, c'est une page de l'histoire politique espagnole qui se tourne, le chef de file du Parti populaire, 63 ans, étant au pouvoir depuis décembre 2011. Elu pour la première fois en 1981 dans sa Galice natale, plusieurs fois ministre et dauphin désigné de Jose Maria Aznar, il avait résisté à plusieurs crises majeures.

De la récession, face à laquelle il a imposé une sévère cure d'austérité, aux mois de blocage politique en 2016, où il est parvenu à se maintenir au pouvoir, jusqu'à la tentative de sécession de la Catalogne à l'automne dernier.

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Mais la sentence, jeudi dernier, du mégaprocès pour corruption "Gürtel" aura été l'affaire de trop pour Mariano Rajoy et le Parti populaire (PP), empêtré dans plusieurs scandales.

Et surtout le déclencheur de la motion de censure déposée par le PSOE, qui, avec seulement 84 députés, a dû rassembler autour du nom de Pedro Sanchez une majorité hétéroclite composée de la gauche radicale de Podemos, des indépendantistes catalans et des nationalistes basques.

"La fête est finie"

Alors que les analystes politiques donnaient, en début de semaine, très peu de chances à cette motion, le vent a tourné en quelques jours à Madrid. Pedro Sanchez, ex-professeur d'économie de 46 ans surnommé le "beau mec" en Espagne, lui avait lancé jeudi :

"Votre isolement, Monsieur Rajoy, constitue l'épitaphe d'une période politique, la vôtre, qui est déjà finie."

"La fête est finie", a de son côté déclaré Joan Baldoví le représentant du petit parti Compromís, allié de Podemos.

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Afin de convaincre le PNV, Sanchez a assuré qu'il ne toucherait pas au budget voté la semaine dernière prévoyant des largesses financières pour le Pays basque.

A l'adresse des séparatistes catalans, il a annoncé par ailleurs qu'il essaierait de "jeter des ponts" avec le gouvernement régional à Barcelone. "Au sein de la nation espagnole, il y a des territoires qui eux aussi se sentent nations", a-t-il déclaré. "Nous pouvons coexister dans le cadre de la Constitution."

La grande question qui se pose désormais est de savoir combien de temps Pedro Sanchez, qui a promis d'appeler à des élections anticipées, pourra gouverner avec une majorité qui s'annonce instable.

Il compte dans un premier temps faire adopter un train de mesures sociales, ce qui pourrait renforcer la popularité de sa formation, très affaiblie ces dernières années.

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Un "système de corruption institutionnel"

Les débats au parlement ont été d'entrée très agressifs. Mariano Rajoy a accusé les socialistes de mentir en exagérant la portée de la sentence du procès pour corruption "Gürtel" qui a précipité le dépôt de la motion de censure vendredi dernier.

Mais selon les juges, le Parti populaire (PP) a bien bénéficié de fonds obtenus par des maires PP dans le cadre d'un "système de corruption institutionnel" via la "manipulation de marchés publics". Ils l'ont condamné à rembourser 250.000 euros.

La justice a conclu en outre à l'existence d'une "caisse noire" au sein du PP et mis en doute la crédibilité de Mariano Rajoy qui avait nié l'existence de cette comptabilité parallèle devant le tribunal.

(Avec AFP)

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