Municipales : la crainte d'une abstention record
Scrutin. Lassitude, exaspération, défiance... A trois jours du premier tour, les instituts de sondage prévoient une mobilisation très faible, moindre encore qu'en 2008.

(LP/Arnaud Journois.) (LP/Arnaud Journois.)
, l'abstention reste une inconnue majeure de ces municipales. Selon les sondeurs, le record des municipales de 2008 (avec une participation de 65,2 % au second tour) devrait être battu. La barre des 40 % sera franchie, prévoit ainsi Ipsos. « Ce que nous mesurons laisse présager d'une abstention plus élevée qu'en 2008, voire potentiellement beaucoup plus élevée », observe le délégué général de l'institut, Brice Teinturier.
Dans un contexte de défiance vis-à-vis de la politique et des élus, les Français plaçaient jusqu'à présent ce scrutin de proximité à part. Ce n'est manifestement plus le cas. « Sur environ 40 villes sondées, on observe que l'abstention sera partout en hausse de 5 % en moyenne, comparé à 2008, estime Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA. L'électorat de gauche est faiblement mobilisé car le pouvoir déçoit et la droite parlementaire ne suscite pas un grand enthousiasme. Même avant que n'éclatent les différentes affaires, la popularité de l'UMP n'était pas flamboyante. » Mais, pour la plupart des observateurs, c'est le Parti socialiste qui devrait le plus pâtir de la faible mobilisation attendue dimanche.
L'abstention augmente avec la taille des communes
Avant même de mesurer l'état du clivage droite-gauche, les sondeurs essaient donc d'ausculter la mobilisation, avec plus ou moins de précision : « Elle n'est pas évidente à cerner car c'est un comportement civique qui n'est pas facilement avouable », explique Frédéric Dabi, de l'Ifop. « Le sondé surdéclare souvent son intention d'aller voter, confirme Jean-François Doridot, directeur d'Ipsos Public Affairs. Ceux qui annoncent leur abstention citent comme première raison l'inutilité d'aller voter pour des maires dont les marges de manoeuvre sont faibles. Puis leur désaveu de la classe politique. » Les intercommunalités « ont aussi contribué à brouiller les cartes et renforcé la confusion sur qui fait quoi », souligne-t-il.
D'autres politologues pointent l'influence de la taille des villes sur la participation. Ainsi l'abstention en 2008 atteint au premier tour 43,06 % à Paris, 42,26 % à Marseille, 45,62 % à Lyon. Mais elle chute à 37,83 % dans les communes de 3 500 habitants. La politologue Céline Braconnier relève « l'abstention des plus jeunes, des moins diplômés et des plus fragiles économiquement. Aux municipales de 2008, moins d'un jeune sur deux (18-25 ans) a participé aux scrutins (54 % d'abstention) », explique l'auteur de « la Démocratie de l'abstention » (Gallimard).
Dans les états-majors politiques, l'état de la mobilisation inquiète d'autant plus que les sondeurs sont aussi unanimes sur la forte poussée du FN : « Dans nos sondages nationaux, en 2008, il était autour de 5 %. Cette fois, on le mesure à 15 %. C'est énorme », constate Gaël Sliman.