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Police-Justice

Irak: la Française Mélina Boughedir condamnée à la perpétuité pour appartenance à Daesh

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En 2015, cette Française de 27 ans a rejoint Mossoul, le fief autoproclamé de Daesh en Irak, avec son mari et ses enfants.

Le verdict est tombé. Mélina Boughedir, une Française de 27 ans jugée en Irak pour appartenance à Daesh, a été condamnée ce dimanche à la prison à perpétuité. 

Libérable à l'issue d'un premier procès tenu en février sous l'accusation "d'entrée illégale" en Irak, la jeune femme a finalement été reconnue coupable dimanche en vertu de la loi antiterroriste, qui prévoit une période de sûreté de 20 ans.

Selon cette législation, la jeune Française était passible de la peine capitale, une sentence prononcée il y a deux semaines à peine à l'encontre d'un Belge, Tarik Jadaoun, surnommé le "nouvel Abaaoud" - en référence à son compatriote Abdelhamid Abaaoud-, l'un des organisateurs présumés des attentats du 13 novembre 2015 en France (130 morts).

La perpétuité réelle n'est plus appliquée

Sur BFMTV, Nicolas Hénin, auteur de Jihad Academy, a décrit le "moment de flou" qui a traversé la salle au moment de l'annonce du verdict, sur la peine infligée à la prévenue. Et pour cause: "Depuis la réforme du code pénal irakien, la perpétuité réelle n'est plus appliquée dans le pays, et dans la pratiques c'est alors une peine de détention de 20 ans qui est effectuée", a-t-il expliqué. C'est donc ce qui attend très probablement la Française, dont on ne sait pas encore si elle effectuera l'ensemble de sa peine dans un centre de rétention irakien.

Une lecture de la peine confirmée par Martin Pradel, l'un des avocats français de Mélina Boughedir, présent au procès à Bagdad. Sur notre antenne, il s'est dit "soulagé" qu'elle n'ait pas été condamnée à la peine de mort.

Mélina Boughedir avait rejoint le groupe terroriste en 2015 à Mossoul, le fief autoproclamé du groupe terroriste en Irak, en compagnie de son mari et de ses trois enfants. Condamné en France pour son appartenance au groupuscule islamiste Forsane Alizza, son mari avait rejoint les rangs de Daesh. Selon ses dires, celui qui est considéré comme mort était un simple "cuisinier" du groupe terroriste, pas un combattant.

Sa ligne de défense n'a pas convaincu

Sa ligne de défense, ainsi que la présence de ses trois avocats français et de leur confrère irakien, n'ont pas convaincu. Lors du premier jugement, dont la clémence tranchait avec le sort habituellement réservé aux étrangers accusés d'avoir rejoint Daesh, la Cour de cassation de Bagdad avait estimé que Mélina Boughedir avait suivi "en connaissance de cause" son mari.

Après l'avoir de nouveau interrogée sur la raison et les détails de son entrée en Syrie et en Irak, le président du tribunal a affirmé que "les preuves rassemblées sont suffisantes pour condamner la criminelle à la prison à perpétuité".

Samedi, l'un de ses avocats français de Mélina Boughedir, William Bourdon, avait affirmé qu'il existait de "lourdes interrogations sur les pressions qui auraient été exercées par la France pour provoquer un nouveau procès". Jeudi dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait décrit la prévenue comme une "terroriste de Daesh qui a combattu contre l'Irak". Il avait appelé ce pays à la juger, tout en réitérant son refus de la peine de mort.

Un mandat de recherche en France

La famille et la défense de Mélina Boughedir plaident, eux, pour qu'elle rentre en France où "un juge d'instruction a signifié par un mandat d'arrêt qu'il souhaitait la voir dans son bureau", selon Me Bourdon.

"Il y a un antagonisme inédit entre le pouvoir politique français et la justice", avait également accusé samedi Me Bourdon, qui a interpellé dans une lettre ouverte Jean-Yves Le Drian, avec ses confrères Martin Pradel et Vincent Brengarth.

Dans cette missive consultée, ils dénoncent une "volonté à tout prix, et au sacrifice des principes fondamentaux, que (leur) cliente ne revienne pas" et fustige une "ingérence inacceptable".

En France, la jeune femme est visée par un mandat de recherche délivré dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris le 2 août 2016, pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle", selon une source judiciaire. 

Charlie Vandekerkhove avec AFP