Les députés En Marche veulent plus de social
La communication confuse de l’exécutif sur les économies à venir a ravivé les peurs des députés macronistes. Ils craignent que les mesures prévues par Bercy ciblent l’aide aux plus démunis
Ce sont des petites phrases qui ont crispé les rangs des députés La République en marche (LREM). Celle du ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, estimant le 29 mai sur RTL qu'il y avait "trop" d'aides sociales en France . Celle aussi de Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, évoquant sur Europe 1 la possibilité de "réduire la politique sociale sur l'emploi" . Alors que se profilent le rapport du Comité action publique 2022 (CAP22) et le grand chantier de la modernisation du modèle social, ces propos ont agacé dans les rangs macronistes. "On est à la veille d'une petite confrontation", avertit même l'un d'entre eux. "Il est hors de question de toucher à la prime d'activité, sauf pour l'augmenter de 50%", prévient déjà Sacha Houlié, élu de la Vienne.
"Nous, responsables politiques, devons arbitrer en fonction de la société à laquelle nous aspirons", renchérit Laetitia Avia*, déléguée nationale à la communication de LREM. Tous s'accordent à dire que certains dispositifs fonctionnent mal, mais Guillaume Chiche (Deux-Sèvres) prévient : "Si on impulse une réforme structurelle des allocations sociales, qui ne sont ni visibles ni compréhensibles, j'achète à 200%. Mais l'efficacité de notre protection sociale est un objectif non atteint qui ne doit pas être confondu avec une logique d'économies budgétaires."
La droite du gouvernement plus audible que la gauche
Il y a quelques semaines, la présidente LREM de la commission des affaires sociales, Brigitte Bourguignon, appelait déjà dans le JDD à "faire plus pour ceux qui ont moins" . Histoire de décoller l'étiquette de "président des riches" qui poursuit Macron. "Toute la majorité est d'accord pour combattre la pauvreté et améliorer la situation dans les banlieues, les hôpitaux, les Ehpad, etc. Cette attente est forte, reconnaît Gilles Le Gendre, porte-parole du groupe. Mais pas un député ne doute que la période qui s'ouvre permettra de la satisfaire", assure-t-il.
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Selon plusieurs parlementaires, le malaise tient surtout à un problème de communication : Darmanin et Le Maire, ex-Républicains, sont plus audibles que le reste du gouvernement. "Ils ont plus de poids politique, constate une élue macroniste. On n'a pas de ministre venu de la gauche qui s'exprime avec force." Une présence des deux hommes de Bercy qui répond aussi à un calcul électoral, selon un autre parlementaire En marche : "Le Premier ministre pense que le danger viendra de la droite aux prochaines élections. Mais on est en train de se couper de notre électorat de centre gauche."
Les amendements individuels se multiplient
Laetitia Avia compte sur le plan de lutte contre la pauvreté, prévu dans les prochaines semaines, pour entamer un rééquilibrage social. Elle l'espère "ambitieux". Les députés de la majorité citent aussi les mesures déjà prises en faveur des plus vulnérables, comme l'augmentation des minima sociaux. Mais d'autres dossiers risquent de cristalliser les tensions : le projet de loi de finances (PLF) doit intégrer les engagements budgétaires du gouvernement, comme la baisse de 3,6 points de PIB du taux de dépenses publiques sur le quinquennat. "Il y aura un volume important d'économies sur le social dans le PLF", affirme un cadre de LREM.
"Dicter l'agenda politique à coups de rapports technocratiques, c'est l'antithèse de la méthode Macron
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Autre sujet d'inquiétude grandissante : les travaux des experts du CAP22, qui devraient être présentés la semaine prochaine, et doivent inspirer Matignon pour démarrer les travaux de rénovation de l'action publique. Au sein de la majorité, on critique la méthode : "Dicter l'agenda politique à coups de rapports technocratiques, c'est l'antithèse de la méthode Macron", s'agace un marcheur de la première heure.
Symptôme de ces appréhensions : la multiplication des amendements individuels, portés par des macronistes contre l'avis de leur groupe. Il y en a environ 700 pour la loi Elan, sur l'évolution du logement. "Le projet de loi asile et immigration a fait quelques dégâts parce que les gens ont eu l'impression de ne pas pouvoir exprimer leur sensibilité, analyse l'un d'entre eux. La logique collective s'en est retrouvée affaiblie." La faute, selon lui, à l'absence de ligne et d'identité politiques claires du groupe LREM. Une faille qui pourrait se transformer en crise si les craintes des députés étaient avérées.
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