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Avec l'iOS12, Apple fait de Safari son "navigateur anti-Facebook"

Apple a présenté lundi la nouvelle version de son système d'exploitation pour iPhone et iPad, l'iOS12, dont elle affirme qu'il va améliorer les performances de ses anciens modèles de téléphones portables comme l'iPhone 6.

 Apple s'est employé lundi à se présenter comme le chevalier blanc de la protection des données personnelles, tacle évident contre les autres géants technologiques, à commencer par Facebook, empêtré dans les controverses sur ce sujet sensible

AFP - Lionel BONAVENTURE

L'iOS12 sera en mesure de procéder à des tâches simples, comme le lancement d'applications, deux fois plus rapidement que son prédécesseur l'iOS11, a précisé Apple lors de sa conférence annuelle pour les développeurs à San Jose en Californie. Apple ajoute que le nouveau système d'exploitation sera compatible avec l'ensemble des appareils qui supportent l'iOS11. Le marché des smartphones est parvenu à une maturité en terme d'obsolescence, les utilisateurs conservant plus longtemps les appareils qu'ils achètent et ne cherchant plus à acquérir systématiquement le dernier modèle.

Cette modification des usages de consommation oblige Apple à repenser son offre et à proposer des systèmes d'exploitation capables de donner une seconde jeunesse à ses anciens modèles d'appareils. La firme à la pomme avait été très vivement critiquée l'an passé lorqu'il avait été révélé qu'elle équipait ses iPhone de batteries dont le rapide vieillissement provoquait un ralentissement et une baisse des performances.

Protéger l'anonymat des utilisateurs

L'iOS12 comporte en outre une série de nouveautés comme un contrôle parental afin d'interdire aux enfants l'accès à certaines applications ou de limiter le temps qu'ils consacrent à en consulter d'autres. L'iOS12 propose aussi un système de discussions vidéo pouvant réunir jusqu'à 32 utilisateurs simultanément, une initiative qui vient concurrencer l'application Jaber de Cisco ou Skype de Microsoft. Apple va aussi permettre une utilisation plus vaste du contrôle vocal, jusqu'à présent limité à un nombre restreint d'applications. 

Apple s'est employé lundi à se présenter comme le chevalier blanc de la protection des données personnelles, tacle évident contre les autres géants technologiques, à commencer par Facebook, empêtré dans les controverses sur ce sujet sensible. "Nous pensons que vos données privées doivent rester privées", a déclaré Craig Federighi, l'un des dirigeants d'Apple, lors de la conférence annuelle des développeurs à San José, dans la Silicon Valley. "Nous pensons que vous devez contrôler qui les voit", a insisté le responsable, qui a défini les groupes internet comme des "entreprises de données intelligentes et impitoyables", surfant ainsi sur la vague de critiques qui pleuvent sur les géants technologiques.

Facebook en particulier est cloué au pilori pour sa gestion -- jugée pour le moins laxiste et opaque -- des données personnelles de ses utilisateurs, depuis le scandale retentissant Cambridge Analytica. "Les (+cookies+ liés au) bouton +J'aime+ ou aux espaces de commentaires" ou encore la fonction "Partager", situés sur différents sites internet, "peuvent être utilisés pour vous pister. Donc cette année, nous mettons fin à cela", a continué M. Federighi devant environ 6.000 personnes. Les "cookies" sont des informations échangées entre l'appareil et l'application ou le site. Ils permettent de suivre les utilisateurs de page web en page web et de leur envoyer des publicités ciblées par exemple. "Apple vient tout simplement de faire de Safari le navigateur anti-Facebook", a résumé le magazine spécialisé Wired.

Ces boutons sont typiques de Facebook, mais d'autres entreprises, comme Google ou Twitter, en proposent aussi pour partager des contenus situés sur d'autres sites. Si une application tente d'accéder aux données par ce biais, le système en avertira l'usager, qui pourra refuser, a assuré Apple, qui va aussi empêcher les sites d'accéder en détails aux infos relatives à leur smartphone, autre moyen de pister un internaute.

 

De plus, le système Apple bloquera désormais l'accès aux données personnelles par les applications, a aussi expliqué M. Federighi. C'est précisément via une application téléchargée par les usagers de Facebook que Cambridge Analytica a mis la main sur les informations de dizaines de millions d'utilisateurs du réseau social.

(avec Reuters et AFP)