Aulnay-sous-Bois : Théo et ses frères en garde à vue

Plusieurs membres de la famille de Théo et lui-même ont été interpellés ce mardi matin au domicile familial par les enquêteurs du SDPJ 93 et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’escroquerie aux aides d’État.

 Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 10 janvier 2018. En 2017, Théo avait été grièvement blessé lors d’une interpellation violente par des policiers.
Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le 10 janvier 2018. En 2017, Théo avait été grièvement blessé lors d’une interpellation violente par des policiers. LP/Arnaud Dumontier

    Mickaël Luhaka, 34 ans, avait été convoqué en mars dernier par la police judiciaire (PJ) de Seine-Saint-Denis mais ne s'était pas rendu à la convocation par négligence. Cette fois, la justice a choisi d'aller le chercher au domicile de ses parents à Aulnay-sous-Bois, tout comme ses trois frères dont Théo.

    Ils ont été interpellés ce mardi matin vers six heures et placés en garde à vue, ainsi qu'un responsable associatif, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X pour « escroquerie en bande organisée, abus de confiance et blanchiment ». Le quartier où réside la famille avait été quadrillé par la police, venue en force.

    Une sixième personne a été également placée en garde à vue. Une enquête préliminaire avait été ouverte en juin 2016, soit plusieurs mois avant l'interpellation violente dont a été victime Théo.

    Mauvaise gestion ou réelle escroquerie ?

    L'enquête de la PJ porte sur le fonctionnement trouble de trois associations et sur l'utilisation de plusieurs centaines de milliers d'euros de fonds publics par le biais de contrats d'accompagnement à l'emploi (emplois aidés). À chaque fois, les salariés étaient recrutés sous contrat d'avenir par Michaël Luhaka mais n'étaient jamais payés et l'Urssaf ne percevait pas les cotisations. Sauf quand il s'agissait de proches.

    Entre janvier 2014 et juin 2016, l'association Aulnay Events a touché 678 000 euros de subventions d'État, dont 170 000 euros ont directement été virés sur les comptes de huit membres de la famille. Théo a perçu, à lui seul, 52 000 euros.

    Simple mauvaise gestion, comme nous l'affirmait récemment l'avocat de Théo, Antoine Vey, ou réelle escroquerie ? Les structures sont depuis longtemps en liquidation judiciaire, et Michaël Luhaka interdit bancaire et déjà condamné aux prud'hommes.

    L'avocat dénonce un «coup médiatique»

    Antoine Vey dénonce auprès du Parisien, ces gardes à vue. « On aurait pu convoquer les membres de cette famille et les placer en garde à vue ensuite. C'est d'ailleurs ce que nous avait laissé entendre le policier que nous avions joint la semaine dernière par téléphone. Mais la justice a préféré faire un coup médiatique », juge-t-il.

    « Il y a la volonté de nuire et de ternir l'image de Théo. On veut mélanger deux affaires, celle des violences policières dont a été victime Théo et cette affaire financière avec laquelle il n'a rien à voir. Théo a touché de l'argent pour un travail qu'il a accompli au sein de l'association. C'est une histoire simple et ordinaire. L'association a touché de l'argent pour organiser des événements sportifs. Ces événements ont eu lieu. Sur le plan comptable, on n'y est peut-être pas mais l'État donne de l'argent et laisse ensuite ses associations sans contrôle, sans suivi. C'est regrettable. »

    Par ailleurs, maître Vey s'inquiète pour son client qui a encore des séquelles de sa violente interpellation par des policiers. « Je pense que l'état de santé de Théo n'est pas compatible avec cette garde à vue. Il a subi une opération chirurgicale la semaine dernière au cours de laquelle on lui a retiré sa poche », explique-t-il.