Les Assemblées Générales des banques, au cours du mois de mai, ont été l’occasion de faire un point sur leurs engagements climatiques. Montrées en exemple sur la scène internationale, les grandes banques françaises comptent en effet parmi les plus avancées sur l’exclusion des secteurs les plus polluants. Mais certaines énergies fossiles très émettrices ou des infrastructures controversées demeurent dans leur périmètre.

L’Assemblée Générale des actionnaires est chaque année l’occasion pour les banques de faire un point sur leurs engagements climatiques. Avec la tenue du One Planet Summit, le sommet climat d’Emmanuel Macron en fin d’année dernière à Paris, Société générale, Crédit agricole et BNP Paribas ont pris des engagements forts notamment sur les sables bitumineux et le gaz/pétrole de schiste.
Mais c’est encore insuffisant pour Les Amis de la Terre qui appellent à des mesures plus fermes. "C’est un rendez-vous manqué, estime Lucie Pinson de l’ONG. Les banques refusent d’aller plus loin et de perdre des parts de marché. Elles ont fait le maximum de ce qu’elles pouvaient faire, et qui ne coûtait pas grand-chose. Elles risquent vite de se faire dépasser. ING par exemple a acté une exclusion totale du charbon d’ici 2025." 
1/ BNPParibas ralentit la sortie européenne du charbon
BNP Paribas a pris des engagements très forts en excluant les sables bitumineux et le gaz de schiste de ses portefeuilles. Mais elle continue en revanche à soutenir une entreprise comme RWE. Le géant allemand est propriétaire du plus gros parc à charbon de l’Union européenne. L’énergéticien prévoit de plus d’agrandir la mine de Garzweiler en Allemagne, l’une des plus grandes mines à ciel ouvert de lignite de l’Union.   
Dans ses engagements, BNP a annoncé qu’elle ne financerait que les entreprises minières ou productrices d’électricité qui s’engagent à diminuer la part de charbon dans leur production. C’est effectivement le cas de RWE. Pour Les Amis de la Terre, "BNP doit exclure de ses financements les entreprises qui investissent dans de nouvelles centrales à charbon". RWE a été exclue par les assureurs français Axa et Scor.
2/ Société Générale investit dans les terminaux gaziers pour le gaz de schiste
À quelques jours de son Assemblée Générale, Société générale a publié sa nouvelle politique sectorielle pétrole et gaz. La banque continue ainsi de soutenir le gaz de schiste en appuyant la construction de nouveaux projets de terminaux d’exportation aux États-Unis, parmi lesquels Rio Grande LNG, dont l’impact serait équivalent à celui de 44 centrales à charbon. Société Générale figure ainsi parmi les 10 plus gros financeurs des entreprises actives dans la construction de terminaux LNG – telles que Cheniere et NextDecade.
"Nous avons défini un cadre contraignant sur les fuites de méthane et la fracturation hydraulique, sur la base notamment des recommandations de l’AIE (Agence internationale de l’énergie)", explique Cécile Rechatin, responsable des politiques et des standards environnementaux et sociaux pour Société Générale. "Nous pensons que s’il est correctement encadré, le gaz peut en effet être une énergie de transition avec des impacts acceptables, bien moindre que ceux du charbon ou du pétrole issu des sables bitumineux. Notre rôle est bien sûr d’orienter l’économie, mais nous devons aussi accompagner ces évolutions, ce qu’il n’est pas possible de faire dans une démarche d’exclusion." 
3/ Crédit Agricole et Société Générale impliquées dans des pipelines controversés
Alors qu’elles ont banni les projets liés à l’extraction, la production ou le transport de pétrole issu des sables bitumineux, Crédit agricole et Société générale continuent de soutenir les entreprises actives dans la construction d’oléoducs telles que Kinder Morgan. Cette dernière prévoit l’extension du pipeline TransMountain au Canada, ou encore TransCanada qui porte le projet décrié du Keystone XL. "Ces capitaux sont clés pour la crédibilité et la stabilité financière de ces entreprises et la réalisation de leurs projets. Ils servent de liquidités obligatoires en cas d’accident sans lesquelles Kinder Morgan par exemple n’aurait pu obtenir les autorisations de construction", dénonce Lorette Philippot des Amis de la Terre.
"Nos financements à Kinder Morgan sont des crédits d’exploitation et non d’investissement ou d’équipement à moyen-long terme. Ils ne peuvent en aucun cas financer l’oléoduc en question. Crédit Agricole respecte ses engagements, car l’activité de transport d’hydrocarbures issus de sables bitumineux représente moins de 10 % de l’activité globale de l’entreprise", rétorque la banque. Elle ajoute vouloir privilégier "les politiques d’accompagnement de la transition pour que les entreprises intègrent les risques et opportunités liés au changement climatique, plutôt que de radicalité".
Concepcion Alvarez @conce1

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes