POLITIQUE - Le débat sur l'interdiction du téléphone portable à l'école pourrait ne pas concerner que les enfants. Alors que la proposition de loi déposée par La République En Marche pour donner un cadre légal à cette interdiction soutenue par le ministre de l'Education sera examinée ce jeudi à l'Assemblée, plusieurs députés de la majorité proposent dans un amendement d'étendre son principe à l'ensemble de la communauté éducative, enseignants inclus.
S'il est adopté, cet amendement prévoirait donc que "l'utilisation d'un téléphone mobile ou de tout autre équipement terminal de communications électroniques par la communauté éducative élève est, sauf pour des usages pédagogiques, interdite dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges".
Cette interdiction, soutenue notamment par le président du groupe Richard Ferrand, prévoit toutefois une exception pour les "lieux où, dans les conditions qu'il précise, le règlement intérieur l'autorise expressément".
Des professeurs majeurs placés au même régime que des élèves mineurs? L'idée a de quoi surprendre, d'autant que certains d'enseignants ont pour consigne de garder allumés leurs téléphones portables personnels en cas d'alerte intrusion. Mais les signataires de cet amendement jugent "nécessaire de renvoyer à nos jeunes une image d'exemplarité et de cohérence avec les principes affichés" par la proposition de loi.
A chaque établissement de fixer ses règles
A l'origine, la proposition de loi des députés LREM ne comportait qu'un seul article et ne visait que les élèves. Un principe soutenu par les chefs d'établissements qui y voient une manière de sécuriser juridiquement des mesures d'interdiction déjà très répandues. Environ la moitié des collèges ont déjà inscrit dans leur règlement l'interdiction du portable en classe voire dans la totalité ou une partie de la cour de récréation, avait indiqué à l'AFP Philippe Vincent, le nouveau secrétaire général du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement.
La loi "contraindra l'ensemble des collèges à se positionner là-dessus et servira de point d'appui pour réduire" les perturbations causées par les portables, ajoutait le représentant syndical qui ne s'est pas encore prononcé sur l'extension de cette interdiction à l'ensemble des personnels éducatifs.
Les interdictions prévues dans la proposition de loi sont avant tout des principes légaux qui laissent une réelle marge de manoeuvre aux établissements. C'est à eux de déterminer notamment les lieux, modalités et conditions de l'usage du téléphone portable en milieu scolaire.
"A minima tous les établissements demanderont à ce que le portable soit enfermé dans un cartable et sorti uniquement en cas d'urgence ou d'usage pédagogique justifié. A maxima ils interdiront le fait de l'emmener à l'école", a récemment indiqué le ministre Jean-Michel Blanquer. La création de "casiers" est une possibilité mais ce ne sera "pas une mesure générale et uniforme".
Un cadre qui pourrait donc potentiellement s'appliquer aux professeurs, aux agents éducatifs ainsi qu'aux parents d'élèves.
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