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Islande : s'isoler nuit gravement à la diversité du patrimoine génétique

Squelette d'une des premières Islandaises, morte sur l'île autour de l'an 1000. Ivar Brynjolfsson / The National Museum of Iceland

Les Islandais ont perdu une grande partie de la diversité génétique de leurs ancêtres, dont les génomes sont paradoxalement plus proches des populations britanniques et scandinaves actuelles.

Les premiers hommes sont arrivés en Islande il y a un peu plus d'un millénaire. Ils venaient alors de Scandinavie et des îles britanniques. Ce que les livres d'histoire nous enseignent, la génétique peut le vérifier. Une équipe internationale menée par Sunna Ebenesersdóttir de l'université de Reykjavik en Islande, vient de publier dans Science l'analyse des génomes de 25 crânes anciens datant de ces premières générations. Les scientifiques ont ensuite comparé ces résultats au patrimoine génétique des habitants contemporains de l'Islande, de la Scandinavie et des îles britanniques et irlandaises. Les Islandais sont plus éloignés génétiquement de leur ancêtres que ne le sont les populations britanniques et scandinaves.

L'Islande étant une petite île isolée, on aurait pu penser que les gènes des populations auraient peu évolué en 1000 ans. C'est pourtant tout l'inverse qui s'est produit. «C'est un résultat très intéressant,» explique Stéphane Mazières anthropologue à l'université de Marseille. «Sans un apport extérieur, le patrimoine génétique de l'île s'est en fait appauvri.»

Sur plusieurs générations, l'ADN des Islandais s'est en quelque sorte uniformisé. Désormais, il se rapproche plus des populations scandinaves que ne l'était celui de leurs ancêtres. «L'isolement géographique a permis à une population de prendre le dessus d'un point de vue génétique,» explique Martin Friess, anthropologue biologiste, maître de conférences au Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN). «Petit à petit les Islandais ont développé des caractères qui leur sont propres et se distinguent des continentaux. Et par définition de leurs ancêtres.» Ce changement peut s'expliquer par le succès reproducteur moindre des colons gaéliques, dont beaucoup ont été emmenés en Islande en qualité d'esclaves.

Les populations continentales sont plus proches des ancêtres islandais que les Islandais eux-mêmes

Corollaire de cette étude: les populations continentales sont paradoxalement plus proches des ancêtres islandais, que les Islandais eux-mêmes. «Le mélange des populations sur les continents, plus sensibles aux vagues migratoires, a permis d'entretenir le patrimoine génétique ancestral», ajoute Martin Friess. «Alors que la diversité a fortement décru en Islande après l'isolement de sa population.»

La diversité génétique est indispensable pour garantir la viabilité des populations à long terme. «C'est sur ce point que cette étude est importante,» rajoute Stéphane Mazières. «Elle donne des informations précises et essentielles sur les comportements génétiques dans un contexte d'isolement. Ce qui, à terme, peut nous permettre de mieux comprendre le développement de certaines maladies génétiques.»

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