L’Iran avait déjà menacé début mai de se lancer dans l’enrichissement de l’uranium à l’échelle industrielle, après le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien. Lundi soir, le porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Behrouz Kamalvandi, a annoncé que l’Iran comptait informer l’Agence internationale de l’énergie atomique mardi à Vienne du lancement d’un programme visant à accroître sa capacité de production d’hexafluorure d’uranium (UF6), rapporte le magazine en ligne israélien anglophone The Times of Israel.

Quelques heures plus tôt, le site de la chaîne américaine NBC News affirmait que le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei, avait déclaré dans un discours télévisé avoir demandé que soient effectués les préparatifs pour augmenter la capacité d’enrichissement de l’uranium de l’Iran au cas où l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien viendrait à s’écrouler. “Ce que le guide suprême a voulu dire, c’est que nous devons accélérer certains processus […] liés à notre capacité nucléaire pour pouvoir aller plus vite en cas de besoin”, a par la suite précisé Behrouz Kamalvandi.

Pour le Financial Times, il s’agit pour l’Iran de faire une nouvelle fois “pression” sur les signataires de l’accord.

“Nétanyahou ne se soucie que de l’opinion de Trump”

Cette annonce de Téhéran a lieu alors que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s’apprête à rencontrer le président français Emmanuel Macron, au deuxième jour de sa tournée européenne, au cours de laquelle il entend tenter de créer un front commun contre l’Iran.

Lors de sa visite à Berlin lundi, le chef de l’État hébreu a mis en garde Angela Merkel contre un nouvel afflux de réfugiés syriens en Allemagne si rien n’est fait pour contenir l’influence croissante de l’Iran au Moyen-Orient. La chancelière a reconnu que l’influence iranienne en Syrie, au Yémen ou au Liban était “préoccupante” et qu’il convenait “de restreindre fortement” les “activités régionales” de Téhéran, rapporte le site de la radio israélienne Arutz Sheva.

La chancelière allemande a toutefois plaidé en faveur de la sauvegarde de l’accord sur le nucléaire iranien, qui, à défaut d’être parfait, offre aux yeux des Européens le seul garde-fou contre la prolifération nucléaire dans la région. Mardi, Emmanuel Macron devrait faire de même lors de sa rencontre avec Benyamin Nétanyahou. Des efforts inutiles, analyse Anshel Pfeffer, journaliste du quotidien de gauche israélien Ha’Aretz, qui estime que le Premier ministre israélien “ne se soucie de toute façon que de l’opinion de Donald Trump”.

Dans une tribune publiée sur le site d’Al-Jazeera, Rahman Bouzari, journaliste du quotidien réformateur iranien Shargh, note pour sa part que les citoyens iraniens demeurent aujourd’hui les grands perdants de la bataille autour du nucléaire. “Le retrait de Donald Trump de l’accord et le rétablissement des sanctions représentent un véritable dilemme pour l’activisme politique en Iran. Le peuple iranien est coincé entre autoritarisme au niveau national et impérialisme occidental, deux forces qui ne se préoccupent en aucun cas de ses intérêts”.