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Audiovisuel public : le rapport explosif des députés sur le modèle social de France Télévisions

Un groupe de députés, emmené par Frédérique Dumas, a publié un rapport sur l'audiovisuel public, proposant de transformer en profondeur le modèle social des groupes. Il conteste la suppression de France 4 en hertzien.

La députée LREM Frédérique Dumas est vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation.
La députée LREM Frédérique Dumas est vice-présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation. (Jacques Demarthon/AFP)

Par Marina Alcaraz

Publié le 5 juin 2018 à 16:37

« Un nouveau pacte social. » C'est l'une des pistes majeures - et potentiellement explosive - de réforme qu'envisage le rapport de la députée Frédérique Dumas, rédigé avec plusieurs parlementaires (1), sur l'« audiovisuel public à l'heure du numérique ».

Au lendemain de la présentation par la ministre de la Culture des pistes de réformes du gouvernement, ce rapport, qui n'est pas tendre à l'égard du fonctionnement des entreprises publiques, propose de « repenser le modèle social des groupes audiovisuels publics, notamment de France Télévisions, afin de dégager des marges de manoeuvre et de s'adapter à la possibilité de diffuser sur différents canaux, plutôt que de demander des économies qui vont amoindrir l'offre », résume Frédérique Dumas, députée LREM et ancienne productrice.

« Lorsqu'on regarde les économies opérées dans le budget 2018, on voit que les budgets création ont baissé », dit-elle.

Ce rapport, donné avant la présentation de lundi au ministère de la culture, à Matignon, et dont « Les Echos » ont eu copie, est la « contribution de plusieurs députés au débat », dit-elle.

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Le rapport aborde largement le cas de France Télévisions. Pour ses auteurs, l'organisation et le temps de travail doivent être au service de l'évolution du modèle en contrepartie d'un grand plan d'investissement dans la formation et les compétences. « Malgré le poids des syndicats qui, pour certains, limitent la marge de manoeuvre, les salariés sur le terrain sont en demande de changement », estime Frédérique Dumas.

Une masse salariale en augmentation

Le document souligne, en prenant appui sur un rapport de la Cour des comptes, qu'au regard de l'évolution observée dans la fonction publique d'Etat, les économies liées à l'entreprise unique et les plans de départs volontaires (à fin 2014) sont insuffisants. L'âge moyen des salariés du groupe reste élevé.

La masse salariale chez France Télévisions, qui est censée diminuer, n'a finalement fait qu'augmenter : entre 2012 et 2017, elle a augmenté de 3 % (après notamment la mise en place de l'entreprise unique) malgré une baisse des effectifs de 6,2 %.

Le temps de travail en question

L'organisation du temps de travail chez France Télévisions apparaît « sans conteste » plus favorable qu'ailleurs. Elle ne favorise pourtant pas l'« efficience », considèrent les députés. Les journalistes de TF1 travaillent ainsi onze à dix-huit jours de plus qu'eux, selon ce rapport, ce qui équivaut à 115 équivalents temps plein.

Parallèlement, le rapport constate l'absence d'accord sur la polyvalence des salariés dans plusieurs branches du groupe audiovisuel public et une surreprésentation du personnel encadrant.

Le surcoût de la filière de production interne

Autre point noir évoqué : la filière de production interne. Le surcoût de fabrication interne est chiffré entre 35 % et 50 % pour des événements comme les Molières ou encore un festival de musique, selon des documents internes confidentiels (l'un date de 2011, les autres sont plus récents) que se sont procurés les députés. Certaines personnes seraient payées davantage que le nombre de jours calendaires, compte tenu de la rémunération à la tâche !

Ainsi, le futur feuilleton quotidien du groupe public, qui doit arriver à la rentrée, est qualifié de « risque de catastrophe industrielle » vu l'ampleur des investissements réalisés.

La question de France 4

Le rapport évoque le cas de France 4, et refuse toute idée de suppression ou de délinéarisation, comme l'a pourtant prôné Françoise Nyssen lundi. « L'existence d'une chaîne enfants dans le service public est un enjeu politique et culturel. On a besoin d'une chaîne enfant, sans pub, sécurisée. »

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Au contraire, la chaîne doit voir ses missions renforcées. « Elle répond à deux de nos priorités : l'éducation artistique et culturelle et la réduction des fractures, notamment des fractures numériques. Il faut que l'audiovisuel puisse toucher tout le monde, y compris ceux qui n'ont pas accès à Internet », dit Frédérique Dumas.

En outre, le passage en numérique risque de peser sur l'audience. Le rapport souligne que lorsque BBC 3, la chaîne jeunesse du groupe britannique, a opéré ce virage, ses audiences se sont effondrées de 85 %.

(1) Frédérique Dumas, Pascal Bois, Raphaël Gérard, Marie-Ange Magne, Sophie Mette, Sandrine Mörch, Pierre-Alain Raphan.

Marina Alcaraz

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