Tariq Ramadan : «Oui, il m’est arrivé d’avoir des relations extraconjugales»

Selon nos informations, le prédicateur suisse a révélé mardi, devant les juges d’instruction, avoir eu des relations sexuelles consenties avec cinq femmes. Parmi elles, Mounia R., qui l’accuse de viols, ainsi que quatre femmes ayant témoigné lors de l’enquête.

 Incarcéré dans une affaire de viols sur deux femmes, l'islamologue suisse Tariq Ramadan a, pour la première fois, reconnu des relations sexuelles «consenties».
Incarcéré dans une affaire de viols sur deux femmes, l'islamologue suisse Tariq Ramadan a, pour la première fois, reconnu des relations sexuelles «consenties». AFP

    « Lors de votre garde à vue, vous n'aviez pas souhaité répondre à des questions d'ordre générale sur votre vie sexuelle ou extra-conjugale. Au regard de la nature des faits qui vous sont reprochés, ce sont néanmoins des questions utiles. » Ce mardi après-midi, au palais de justice de Paris, les juges d'instruction tentent de pousser Tariq Ramadan dans ses retranchements. Le théologien suisse de 55 ans, doublement mis en examen pour viols au préjudice d'Henda Ayari et Christelle (le prénom a été modifié), a toujours nié tout rapport sexuel avec les deux plaignantes. Le contraire serait fâcheux pour cet homme marié : l'adultère est punissable selon la doctrine islamique, dont il a été le fervent défenseur durant sa carrière d'intellectuel. Une posture qui lui a valu d'être idolâtré par de nombreux adeptes.

    Mais depuis, Tariq Ramadan est visé par une troisième plainte pour « viols », déposée par Mounia R. Cette ex-escort-girl l'accuse d'avoir abusé d'elle avec une violence extrême. Elle a fourni des photos et une robe prétendument maculée de la semence du prédicateur pour attester de l'existence a minima de relations sexuelles régulières. Un élément qui a poussé Tariq Ramadan à faire évoluer sa position lors de son interrogatoire de mardi : il admet désormais avoir eu des relations hors mariage. « D'abord, il faut resituer les choses. Au moment de la garde à vue, on parlait de deux cas [plaintes]. Donc maintenant, oui, il m'est arrivé d'avoir des relations extraconjugales. Il y a deux types de choses dans ma vie, c'était énormément de relations virtuelles et des relations extraconjugales avérées », explique-t-il, selon des déclarations dont Le Parisien/Aujourd'hui en France a pris connaissance.

    «Sans aucune justification religieuse ou promesse de vie à deux»

    Tariq Ramadan détaille cinq relations « consenties », dont Mounia R. ainsi que quatre femmes ayant été entendues au cours de l'enquête. Outre deux témoins sous X (anonymes), figure une certaine Denise. Cette ressortissante suisse, présentée comme une maîtresse du théologien, avait expliqué avoir entretenu une relation amoureuse avec lui entre 2005 et 2009 après avoir assisté à une de ses conférences à Lausanne. Si elle évoquait un certain « penchant » de Tariq Ramadan pour « la domination », elle assurait n'avoir subi aucunes violences.

    Concernant les deux premières plaignantes, l'islamologue dément toujours tout rapport charnel. Il évoque cependant avec Christelle, qui l'accuse de l'avoir violée en 2009 à Lyon, « des rapports de nature virtuelle et sexuelle ». « Sans aucune justification religieuse ou promesse de vie à deux », complète-t-il. Les enquêteurs avaient retrouvé des captures écran de conversation Skype dans lesquelles Christelle apparaissait « seins nus » face à lui.

    Bien plus prolixe que lors de ses premières auditions, Tariq Ramadan ne cache pas son succès avec les femmes. « Je n'étais pas seulement sollicité comme un intellectuel mais comme un homme. […] Je vais vous dire un truc : en 2005, j'ai été élu parmi les sept hommes les plus sexys du monde par un journal suisse, Le Matin », se défend-il pour solder tous soupçons d'abus de faiblesse ou de violences. L'islamologue répète qu'il n'est pas « un violeur », assurant, au contraire, qu'il s'est senti parfois « harcelé ».

    Lors de cet interrogatoire, Tariq Ramadan a été signifié par les magistrats qu'il serait réentendu ultérieurement sur le fond des accusations portées par Mounia R. L'audition est prévue en juillet. Le prédicateur n'a donc pas, techniquement, échappé à une troisième mise en examen : les juges ont préféré concentrer leur interrogatoire sur les deux premières plaintes.