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Cinq choses à savoir sur le miel français, cette filière à l'agonie

La production de miel français est passée de 35.000 tonnes dans les années 1990 à 16.100 en 2016. Regis Duvignau/REUTERS

VIDÉO - Les Français sont particulièrement friands de miel, avec près de 45.000 tonnes consommées chaque année. Une denrée majoritairement importée, la production nationale peinant à atteindre les 16.000 tonnes. En outre, derrière son image de produit sain, naturel et local, se cache souvent une réalité nettement plus contrastée.

● 600 grammes consommés par Français et par an

Un Français consomme 600 grammes de miel par an, soit plus du double de la moyenne mondiale. Le produit est principalement distribué dans les grandes surfaces (55% des ventes), où il est vendu aux alentours de 11€ le kilogramme, et par la vente directe (27%). Plus demandé sous sa forme liquide (57%) que crémeuse (43%), il est surtout dégusté tel quel, l'achat direct par les particuliers représentant 86% des ventes, contre 9% pour l'industrie agroalimentaire.

● 50.000 apiculteurs français pour 1.316.000 ruches

Parmi ceux-ci, une faible proportion d'apiculteurs professionnels (environ 2000) détient la moitié du cheptel français. La filière génère un chiffre d'affaires global oscillant autour de 100 millions d'euros (dont 90 millions pour le miel seul). Une multitude de produits sont proposés: des miels tirés de diverses fleurs (acacia, tournesol, lavande, châtaignier...), de la gelée royale, du pollen...

La production est avant tout axée sur la qualité: 12% du miel produit en France est issu de l'agriculture biologique et près de 6% des apiculteurs sont certifiés. Une qualité consacrée par des exportations représentant un tiers de la production, en nette majorité vers des pays à haut revenu comme la Suède, les États-Unis, l'Allemagne ou encore l'Espagne. Le miel français est d'ailleurs vendu nettement plus cher que la moyenne, entre 15 et 30 euros par kilo lorsqu'il est distribué en grande surface.

● Une production divisée par deux en 25 ans

Bien que réputée, la production française de miel fait face à des menaces environnementales et commerciales qui la grèvent lourdement. Elle a été divisée par plus de deux en un quart de siècle, passant de 35.000 tonnes dans les années 1990 à 16.100 en 2016. La monoculture, qui nuit à la diversité des pollens, le Varroa, parasite importé d'Asie ravageur et coûteux à traiter, l'utilisation massive de pesticides dans l'agriculture (dont les néonicotinoïdes massivement utilisés jusqu'à récemment), ou encore les ravages provoqués par les frelons asiatiques dans les colonies sont diverses causes pouvant expliquer l'affaiblissement des ruches en France, la disparition progressive des abeilles, et, de fait, la chute de la production. On dénombre en effet, en 2015, une mortalité moyenne dans les colonies de 30%, atteignant dans les cas extrêmes 80%.

● Un déficit commercial de 80 millions d'euros

Outre ces problèmes environnementaux, le secteur apicole français est soumis à une pression économique sans précédent. La filière française, produisant des miels chers en petite quantité, est écrasée par une production étrangère à bas coût, fournissant un miel en moyenne deux fois plus économique et répondant à une demande près de trois fois supérieure à l'offre nationale.

● 43% des miels de supermarché importés non-conformes

En outre, les pratiques de nos principaux fournisseurs (Chine, Espagne, Ukraine, Argentine) laissent à désirer sur la qualité du miel importé: 43% des miels premier prix, donc importés, analysés par la DGCCRF dans son rapport datant de début 2015, ont été déclarés non-conformes en raison de critères de qualité (surchauffage, mensonge sur le type de miel), d'étiquetages faux ou même, pour un tiers des miels rejetés, d'ajouts délibérés de sirops de sucre (pouvant constituer parfois près de la moitié du produit).

Que fait le législateur?

La filière française peut-elle compter sur le législateur pour espérer contrer ce déclin programmé? Outre l'interdiction progressive récente par les instances européennes des insecticides les plus nocifs aux abeilles, les néonicotinoïdes mis en cause dans leur disparition massive, un regain d'attractivité pourrait être favorisé par un amendement au projet de loi agriculture et alimentation, voté le mardi 29 mai. Celui-ci va obliger les producteurs à indiquer clairement la provenance de leurs produitssur les emballages, en précisant les États de provenance. Aujourd'hui, seuls de vagues messages tels que «mélange de miels originaires et non originaires de l'UE» sont présents sur les pots de miel. Espérons qu'ainsi sera mise en lumière l'origine souvent plus lointaine - et parfois moins prestigieuse - du miel que nous trouvons dans nos rayons de supermarché.


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46 commentaires
  • twotwo02

    le

    Dès lors où les exploitants agricoles pratiquent la politique de l'autruche,face à l'extermination de la flore et de la faune,au prétexte de la course aux rendements; il y a peu que sans contraintes ceux-ci chercheront par tous les moyens à poursuivre leur politique sachant qu'ils ne comprennent QUE la contrainte pour modifier leurs comportements irresponsables.De l'assèchement des zones humides, au veau aux hormones;ces apprentis-sorciers ne respectent que l'adage = le bien de ton voisin t'appartient.

  • LE-PENENCHON

    le

    A aucun moment, on ne met en cause LE COUPABLE de cette situation: La FNSEA !

  • Michel ASTEGIANO

    le

    le plus grand problème ce n'est pas le miel mais la chute du nombre d'insectes pollinisateurs, les américains en sont à importer et louer des abeilles d'Australie pour polliniser leurs amandiers et cela concerne aussi la production de fruits et de légumes

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