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Solaire : coup de froid sur l'autoconsommation

Le dernier appel d'offres, visant à favoriser la consommation directe plutôt que la revente d'électricité photovoltaïque, a été peu souscrit. La régulation de ce nouvel usage fait débat.

Par Véronique Le Billon

Publié le 6 juin 2018 à 10:19

Le développement de l'autoconsommation solaire sur les toitures des centres commerciaux et les ombrières de parking connaît un trou d'air. Le gouvernement, qui prévoyait d'octroyer 50 mégawatts de projets favorisant la consommation directe plutôt que la revente dans le cadre de son appel d'offres lancé en janvier, n'en a finalement attribué que… 2,2 MW.

Un résultat dont le ministère n'a pas fait la publicité. « C'est un très mauvais message envoyé au secteur », juge Damien Ricordeau, du cabinet Finergreen. Alors que le soutien public à ces projets avait fortement baissé (avec une prime moyenne de 7,9 euros par mégawattheure au dernier appel d'offres), « l'administration n'a pas apprécié la hausse des tarifs d'achat d'électricité », poursuit-il.

De fait, seuls 18 MW de projets ont été déposés. « Des contraintes ont aussi été intégrées en matière d'obtention des autorisations d'urbanisme, notamment pour éviter qu'il y ait plusieurs candidats sur le même magasin », explique Richard Loyen, délégué général d'Enerplan, qui fédère les acteurs du secteur.

Incertitudes

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Après l'engouement des débuts et alors que le gouvernement a lancé l'an dernier un programme de 450 MW de solaire à installer en trois ans en autoconsommation de grande taille, ce nouvel usage est confronté à ses premières difficultés. Le régulateur lui-même tient les rênes courtes : en février, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a recommandé « de limiter l'exonération de CSPE et taxes locales aux plus petites installations en autoconsommation individuelle ».

Début mai, elle a décidé d'appliquer de nouveaux tarifs pour les électrons transportés dans le cadre de l'autoconsommation collective - le partage de production à l'échelle d'un immeuble ou d'un lotissement -. Selon ce schéma (toutefois optionnel), les usagers concernés paieront moins cher qu'aujourd'hui le coût de transport de l'électricité autoconsommée, mais ils paieront légèrement plus chère celle qu'ils soutirent sur le réseau pour leurs besoins complémentaires.

« C'est une pilule abortive pour l'autoconsommation collective », critique Richard Loyen. « Au final, cela pourrait conduire à payer plus », juge le Syndicat des énergies renouvelables ».

Sur les doigts d'une main

La CRE comme Enedis ou RTE, les gestionnaires des lignes électriques, redoutent le moment où le réseau devra rester performant mais avec moins de budget car moins d'électrons à circuler. A ce stade, les projets d'autoconsommation collective se comptent sur les doigts d'une main, à Bordeaux, dans le Morbihan et dans les Alpes de Haute-Provence. Enedis, qui était partenaire d'une opération à Perpignan, voit le projet se décaler. « On est avec une collectivité locale, il y a des étapes à passer », justifie Corinne Soors, d'Enedis. « Mais on a des contacts avec environ 70 porteurs de projets, à des stades de maturité variée ».

Quant aux ménages ayant installé sur leur toit des panneaux solaires dont ils vont consommer la production, ils étaient 25.000 en mai, selon Enedis. RTE évoque jusqu'à 3,8 millions de foyers en autoconsommation en 2035, et Enedis entre 5,8 et 11,6 millions.

Véronique Le Billon

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