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Comment Edouard Philippe fait la pédagogie de ses réformes via Facebook

Quasiment chaque semaine, le Premier ministre répond à quelques questions des internautes sur Facebook Live. Un exercice devenu rituel.

Anne-Charlotte Dusseaulx
Edouard Philippe lors de son Facebook Live mardi
Edouard Philippe lors de son Facebook Live mardi © Anne-Charlotte Dusseaulx/Le JDD

Peu avant 19 heures, au premier étage de Matignon, un huissier ferme la porte du bureau du Premier ministre. Sur la poignée, il suspend une affichette sur laquelle on peut lire "Réunion en cours". De l’autre côté, Edouard Philippe s’équipe en micro-cravate et s’installe face caméra. Un rituel devenu quasi hebdomadaire depuis octobre. Le Premier ministre a choisi de s’adresser de manière régulière aux Français via un Facebook Live : il est filmé en direct sur sa page et les internautes peuvent réagir directement. "Le fait d’avoir installé le rendez-vous rend peut-être le truc un peu original, mais enfin je n’ai pas inventé Facebook!", sourit l’intéressé.

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Si le concept n’a rien de révolutionnaire, il revêt un caractère pédagogique. "Il faut en permanence expliquer et réexpliquer. Ça permet de répondre à des questions que les gens se posent et vous voyez qu’ils les posent avec une liberté de ton pas exactement comparable à celle que l’on retrouve dans les interviews dans les médias officiels", avance le Premier ministre. Selon les chiffres de Matignon, chaque vidéo (intégrale + pastilles) sont vues en moyenne 65.000 fois. 

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Téléphones coupés, décompte enclenché

Mardi soir, cinq personnes sont présentes autour de la table en plus du Premier ministre : techniciens, communicants et son conseiller Charles Hufnagel, dont le bureau - qu’il partage avec Gilles Boyer, l’autre fidèle - se trouve dans la pièce à côté. Parfois, en fonction de l’actualité du jour, Edouard Philippe invite l’un de ses ministres à venir répondre avec lui aux questions des Français. Huit se sont déjà prêtés à l’exercice : Marlène Schiappa, Frédérique Vidal, Mounir Majhoubi, Agnès Buzyn, Jean-Michel Blanquer, Stéphane Travert, Elisabeth Borne et Jacques Mézard.

"En avant Simone, on est parti." Les téléphones sont coupés. Le décompte est enclenché. 30 secondes. La chargée de communication regarde les questions arriver et "pousse" celles jugées intéressantes. Elles s’affichent alors sur une tablette posée devant Edouard Philippe. La première porte sur le glyphosate . "Ça nous permet d’entrer dans le vif du sujet", réagi Edouard Philippe, qui défend ensuite pendant quelques minutes la position "nuancée et ferme" du gouvernement à ce sujet. Même exercice pour la loi Elan et le passage de logements 100% adaptés aux personnes handicapées au 100% adaptable. S’il reconnaît que ces questions sont essentielles, le Premier ministre regrette en même temps que "le débat public se fixe sur un sujet peut-être accessoire par rapport à l’ensemble d’un texte".

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Suivent le mouvement social à la SNCF, le remboursement des prothèses dentaires - par Marc, "qui n’est manifestement pas totalement en phase avec ce que fait le gouvernement". Le 'reste à charge zéro' (pour les prothèses dentaires, les audioprothèses et les lunettes) est une "vraie et belle avancée", se félicite Edouard Philippe. "Le Président a l’habitude de dire que son objectif, c’est libérer et protéger. Libérer, on a bien vu ce qu’on voulait faire. Protéger, il y a parfois des gens qui le demandent. (Avec cette réforme), les Français comprendront très bien ce que ça veut dire", glisse-t-il au passage.

Une dizaine de questions sur plus de 800 commentaires

A Barthélémy qui lui demande s’il est spécialiste des lunettes, il répond que non mais que l’âge venant, il "s’y est mis et ne pourrait plus s’en passer". A Chantal qui l’appelle à aller sur le terrain et à ne pas rester derrière son bureau, il rétorque qu’il le fait et évoque son passé de maire du Havre : "Je ne crois pas qu’on puisse me faire ce procès d’intention." Quant à la question des aides sociales, Edouard Philippe tente de répondre aux inquiétudes de Françoise, qui salue pourtant l’action du gouvernement. "Mon sentiment est qu’on est allé trop loin dans la distribution monétaire et pas assez dans l’accompagnement individuel et dans l’investissement", explique-t-il, s’interrogeant sur l’efficacité du système actuel.

Au final, sur plus de 800 commentaires, Edouard Philippe n’aura répondu qu’à une dizaine de questions. "Je n’ai pas le temps de répondre à toutes. Beaucoup se recoupent", assure l’interviewé du soir. Certaines sont aussi "zappées" car pas assez dans l’actualité. "On enlève les noms d’oiseaux aussi", sourit Charles Hufnagel. D’autres passeront à la trappe. Il faudra retenter la fois suivante. 30 minutes plus tard, le Premier ministre remercie les internautes et donne rendez-vous pour le prochain Facebook live, dans 15 jours cette fois-ci. Car l’exercice devrait perdurer dans le temps. Tant qu’Edouard Philippe sera à Matignon.

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