Au terme d’une une série d’attaques-suicides meurtrières, l’organisation Etat islamique (EI) a repris, vendredi 8 juin, une partie de la ville syrienne d’Al-Boukamal, contrôlée par le régime de Bachar Al-Assad. C’est l’offensive la plus importante menée depuis des mois par les djihadistes en Syrie.
L’EI avait perdu le contrôle de la ville en novembre 2017, dernier centre urbain qu’il contrôlait dans le pays en guerre, après de multiples défaites infligées par Damas et ses alliés d’une part, et par les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les Etats-Unis, de l’autre.
En parvenant à s’emparer de nouveau d’une partie de cette cité, l’organisation djihadiste confirme qu’elle est encore une force à craindre sur le terrain. Reste à savoir si elle pourra se maintenir dans la ville ou avancer face aux forces loyales au président syrien, appuyées par l’aviation russe.
Les combats se poursuivent entre les deux camps
Al-Boukamal est située dans la province orientale de Deir ez-Zor, près de la frontière avec l’Irak, où le gouvernement avait proclamé à la fin de 2017 la victoire contre l’EI.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « l’offensive d’envergure » a été lancée depuis le désert syrien par les djihadistes, « qui ont reconquis une partie d’Al-Boukamal », située à l’ouest du fleuve Euphrate. « Au moins 25 combattants de l’armée syrienne et de milices prorégime ont péri dans dix attaques-suicides, dont quatre à la voiture piégée, menées par l’EI », a annoncé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les combats se poursuivent entre les deux camps dans le centre de la localité, a-t-il ajouté. « Cette attaque surprise est la première depuis novembre » et la perte du territoire par les djihadistes. « L’EI contrôle désormais le nord et l’ouest de la ville », a précisé M. Abdel Rahmane, selon qui « le régime syrien et les Iraniens ont envoyé des renforts » pour faire face à l’assaut des combattants de l’EI. Outre les dix kamikazes, huit djihadistes ont été tués dans les combats, selon l’ONG.
L’EI détient moins de 3 % du territoire syrien selon l’OSDH, contre près de 50 % à son apogée, fin 2016
Avant la reprise partielle d’Al-Boukamal, le régime contrôlait la ville de Deir ez-Zor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive ouest de l’Euphrate. Les FDS, appuyées par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, sont pour leur part stationnées sur la rive orientale du fleuve et cherchent toujours à chasser les djihadistes de leurs derniers retranchements dans la province.
L’Etat islamique recule mais reste une menace importante
Depuis son éviction en mai de son dernier bastion dans la capitale syrienne, Damas, place forte du pouvoir, l’EI a multiplié les attaques contre des positions des forces loyalistes. Jeudi, au moins 22 combattants prorégime, dont 11 soldats de l’armée syrienne, ont été tués dans des attaques dans le désert de la province méridionale de Souweïda. Selon l’OSDH, 209 combattants loyaux au régime ont été tués dans les opérations de l’EI depuis le 22 mai. Il y a eu 110 morts dans les rangs djihadistes.
L’EI, présent encore dans quelques poches dans le désert qui s’étend de l’est de Damas jusqu’à Al-Boukamal, détient moins de 3 % du territoire syrien selon l’OSDH, contre près de 50 % à son apogée, fin 2016.
Grâce à l’intervention militaire dans les airs et au sol de son allié russe dans le conflit depuis septembre 2015, le pouvoir Assad a réussi à engranger des victoires face aux rebelles et aux djihadistes et a repris plus de 60 % du territoire.
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