Canada: au G7, il est plus facile d'apercevoir un ours que Trump ou Merkel

La police à Québec en marge du sommet du G7 qui se déroule à 140 kilomètres de là

© MARTIN OUELLET-DIOTTE

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Par AFP

Plus facile d'apercevoir un ours que Donald Trump ou Angela Merkel: le sommet du G7 au Canada, qui réunit les grandes démocraties mondiales, tient à bonne distance la presse autant que les manifestants.

140 kilomètres séparent la ville de Québec, à l'est du Canada, où est installé le principal centre de presse, et le pittoresque site de La Malbaie, où les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent vendredi et samedi dans un hôtel huppé surplombant l'ample fleuve Saint-Laurent: le Manoir Richelieu.

Au-delà de la somptueuse nature environnante, le casino et les terrains de golf sont en temps normal les grandes attractions de La Malbaie, désormais coupée du monde par une clôture de quelque quatre mètres de haut qui délimite le périmètre de sécurité.

Pendant le G7, les voiturettes des golfeurs sont réquisitionnées par des policiers lourdement armés. Des centaines de machines à sous sont remisées pour faire de la place aux quelques 150 journalistes qui font la navette depuis Québec, traversant des collines boisées d'où émerge parfois un ours.

Une poignée d'entre eux seulement est autorisée à franchir parfois la centaine de mètres les séparant de l'hôtel, pour observer les premières minutes des entretiens entre chefs d'Etat et de gouvernement.

Ces entretiens s'annoncent tendus, en raison de désaccords toujours plus criants entre le président américain et ses partenaires du G7 (Canada, France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Japon).

Une petite zone entourée de grillages est réservée à d'éventuelles manifestations. Sans que l'on sache si elle est seulement visible depuis l'hôtel.

Le pays hôte espère détendre l'atmosphère en réunissant les leaders vendredi autour d'un feu de camp et d'un spectacle auquel participeront, entre autres, des artistes du Cirque du Soleil, né au Canada.

Mais c'est à la sécurité, et non aux mondanités, que les autorités canadiennes consacreront le plus gros (70%) du budget de 600 millions de dollars canadiens (environ 390 millions d'euros) de ce G7. 8.000 forces de sécurité au total sont déployées.

Peu de "grabuge"

A Québec même, les rues de la plus vieille cité canadienne, pimpantes derrière leurs fortifications, sont bien vides: le gouvernement québecois a donné congé à quelque 10.000 fonctionnaires.

"Nous sommes ouverts!" lit-on sur la devanture bardée de contreplaqué d'un café, dont le propriétaire redoute d'éventuels casseurs. Les autorités ont fait de la place, préventivement, dans la prison de Québec.

De grandes précautions alors que les premières manifestations anti-G7 n'ont pas jusqu'ici fait le "grabuge" que redoutent les commentateurs des radios et télévisions locales.

Quelques centaines de manifestants ont défilé jeudi soir dans une ambiance détendue, avec fanfare et enfants, aux côtés de quelques dizaines de personnes cagoulées et de noir vêtues dont certaines s'en s'ont prises à des photo-journalistes.

Le déploiement massif de policiers anti-émeute a vite ramené le calme.

Vendredi matin, une centaine de manifestants qui voulaient bloquer la seule autoroute menant à La Malbaie ont trouvé face à eux des dizaines de policiers équipés de casques, boucliers, masques à gaz et flash ball. Dans le ciel, deux hélicoptères et un drone surveillaient la situation.

Les manifestants se sont repliés en lançant "La police au service des riches et des fascistes" ou encore "Travaille, consomme, et ferme ta gueule".

Depuis le G8 de Gênes en 2001, en marge duquel un manifestant avait été tué par la police, et suite aux attentats du 11 septembre 2001, les représentants des grandes économies mondiales ont délaissé les centre-ville pour leurs sommets.

Les G7 et G20 se déroulent dorénavant à l'abri d'hôtels et de manoirs luxueux, souvent situés dans des sites naturels ou historiques peu accessibles tels que La Malbaie. La ville, que l'on pourrait nommer en français d'aujourd'hui "La mauvaise baie", doit ce nom peu reluisant au fondateur de Québec, Samuel de Champlain: son bateau s'y était envasé au début du XVIIème siècle.

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