Le moustique tigre en Île-de-France, petit insecte mais grande crainte

Les pluies de ces dernières semaines combinées à la chaleur laissent craindre la réapparition du moustique tigre en Île-de-France. Certains départements optent pour la prévention, parfois de manière originale.

 Yerres. La ville de l’Essonne a fait traiter préventivement 8 hectares pour lutter contre la prolifération des moustiques.
Yerres. La ville de l’Essonne a fait traiter préventivement 8 hectares pour lutter contre la prolifération des moustiques. DR

    C'est une toute petite bestiole, qui suscite de grandes craintes et coûte cher aux collectivités franciliennes. Le moustique tigre, connu sous le nom scientifique d'aedes albopictus, est redouté pour les maladies qu'il peut transmettre ( zika, chikungunya, dengue). Surtout avec les fortes pluies de ces derniers jours, couplées à la chaleur.

    En Ile-de-France, il a été repéré dans le Val-de-Marne, en 2015 et dans les Hauts-de-Seine, en 2017. Il y est, depuis, considéré comme actif par l'Agence régionale de santé (ARS).

    Dans d'autres départements, le petit insecte tropical, qui arrive en métropole dans les bagages des voyageurs, a été observé épisodiquement, mais il n'a pas proliféré. C'est le cas en Seine-et-Marne et dans l'Essonne. Un spécimen a par exemple été recensé à Savigny-sur-Orge, en 2017.

    Depuis, les acteurs publics restent vigilants, à commencer par le conseil départemental de l'Essonne, en charge des démoustications. « Ce sont des opérations très coûteuses », explique François Durovray, président (LR) du département.

    Les chauves-souris contre les moustiques

    L'Essonne fait donc aussi de la prévention. En utilisant parfois des méthodes de prévention originales. « Nous entretenons par exemple les populations de chauve-souris, qui mangent les moustiques », signale François Durovray.

    « Nous ne traitons que s'il y a une présence avérée, insiste Marie-Claude Bonin, directrice de l'environnement au conseil départemental de l'Essonne. On trouve principalement le moustique tigre en zone urbaine, il vit à côté de l'homme. Nous nous sommes regroupés avec d'autres départements d'Ile-de-France pour surveiller sa présence. L'Eliz (NDLR : Entente de lutte interdépartementale contre les zoonoses) va poser des pièges pondoirs. »

    Pour l'heure, l'Eliz intervient uniquement dans les Hauts-de-Seine, où une quarantaine de pièges ont été installés. Des seaux noirs où sont disposés des morceaux de polystyrène et de l'eau créant une luminosité, qui attire les femelles pour qu'elles viennent y déposer leurs larves. « Nous avons procédé aux premiers relevés la semaine dernière et nous n'avons trouvé que des œufs de mouches », indique Benoît Combes, directeur de l'entente.

    Trois cas de dengue dans les Hauts-de-Seine

    La surveillance est accrue lorsque des personnes porteuses d'une des maladies, dont le moustique tigre est le vecteur, sont déclarées. Dans les Hauts-de-Seine, trois habitants ont été contaminés par la dengue sur l'Ile de La Réunion, où sévit une épidémie. « Dans ce cas, nous intervenons dans tous les endroits où le moustique peut pondre, reprend Benoît Combes. Il a besoin de très peu d'eau pour placer ses œufs. »

    La crainte de l’apparition de moustiques tigres, vecteurs de maladies, est grande. LP/Nicolas Goinard
    La crainte de l’apparition de moustiques tigres, vecteurs de maladies, est grande. LP/Nicolas Goinard DR

    Mais sans cas avéré, certaines communes préfèrent ne prendre aucun risque et mettent la main à la poche pour des opérations de démoustication préventives. À Yerres (Essonne), fin mai, une entreprise a été missionnée par la ville pour traiter 8 ha dans une zone humide, après que des riverains ont signalé une prolifération de moustiques.

    « L'eau stagnante, liée aux pluies et à la chaleur, a favorisé leur développement, constate Olivier Clodong, maire (SE) de Yerres. Nous avons fait appel à des spécialistes qui répandent un produit (bacille de Thuringe), qui n'est pas nocif pour les animaux domestiques ou pour les abeilles. » Coût de l'opération : 16 000 euros.