Dans le Gard, le principal d’un collège dénonce un viol, le diocèse veut le licencier

Le principal du collège Saint-Joseph à Saint-Ambroix (Gard) est convoqué ce lundi pour un entretien préalable à son licenciement.

 Saint-Ambroix (Gard), le 16 mai. Parents et enseignants ont manifesté leur soutien à Paul Gobillot, principal du collège Saint-Joseph, suspendu après une affaire de viol entre élèves lors d’un voyage scolaire.
Saint-Ambroix (Gard), le 16 mai. Parents et enseignants ont manifesté leur soutien à Paul Gobillot, principal du collège Saint-Joseph, suspendu après une affaire de viol entre élèves lors d’un voyage scolaire. France 3

    C'est un peu le monde à l'envers… Le principal du collège Saint-Joseph à Saint-Ambroix (Gard), institution catholique, a été suspendu de ses fonctions pour avoir dénoncé auprès des autorités un viol aggravé entre élèves. Paul Gobillot, 62 ans, est même convoqué ce lundi pour un entretien préalable à son licenciement par la direction diocésaine de l'enseignement car il n'aurait pas « suivi le protocole hiérarchique ».

    « Je pense avoir fait ce qu'il était de mon devoir de faire dans l'urgence. Dès que j'ai été informé des faits, j'ai accompagné la famille pour qu'elle dépose plainte au plus vite auprès de la gendarmerie », détaille le principal en poste depuis trente-trois ans.

    Lors du voyage scolaire à Malte de 38 élèves entre le 5 et le 9 mars 2018, deux élèves de Saint-Joseph hébergés dans des familles ont violé leur victime avant de la rosser tandis qu'un autre filmait la scène avec son téléphone portable, une vidéo diffusée sur un réseau social.

    Deux élèves de 4e ont été mis en examen pour « viol en réunion »

    Le principal qui n'était pas du voyage a eu connaissance des faits le 28 mars après un nouvel incident d'agression sexuelle et a aussitôt assisté la famille dans leurs démarches judiciaires auprès de la gendarmerie locale.

    Résultat, le procureur d'Alès a ouvert sur la foi de cette plainte très détaillée une information judiciaire. Les deux auteurs principaux, élève de 4e, ont été mis en examen pour « viol en réunion », suivi ou précédé de « violences » et « harcèlement moral » et tous deux placés sous contrôle judiciaire avec obligation d'éloignement de la victime.

    « Il s'agit d'une véritable chasse à l'homme car ce directeur a prévenu les gendarmes dès sa connaissance des faits. Rien n'a été caché. Bien au contraire. Qu'est ce qui dérange tant dans sa démarche ? Eh bien comme la loi le stipule les officiers de police judiciaire sont tenus d'informer le procureur. La meilleure preuve en est la mise en examen de ces adolescents », constate Me Philip de Lumley-Woodyear, son avocat.

    Il lui est reproché « ne pas avoir prévenu directement le procureur selon la procédure administrative »

    « Il y a divers griefs qui sont formulés. Une procédure est en cours et avant toute décision, il ne m'appartient pas de m'exprimer plus avant », répond Jérôme Martine, 50 ans, le directeur diocésain de l'enseignement catholique qui a refusé de détailler ces griefs présumés. Il avait par le passé reproché à Paul Gobillot sur ce dossier de « ne pas avoir prévenu directement le procureur selon la procédure administrative ».

    Le principal a été suspendu de ses fonctions de directeur par la direction diocésaine. Mais c'était sans compter un vaste mouvement de soutien. Il a surgi parmi les enseignants et les parents d'élèves de Saint-Joseph qui contestent « une décision arbitraire » indique Madame Pialet, leur porte-parole.

    « Peut-être lui reproche-t-on surtout sans l'avouer d'avoir mis en place une classe pour les enfants déscolarisés ou de sans papiers pour les intégrer dans le milieu scolaire… ! », persifle Me de Lumley.