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1898 : L'Amérique s'approprie Cuba

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1898 : L'Amérique s'approprie Cuba

Histoire

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Au printemps 1898, les Etats-Unis se découvrent le devoir moral de faire accéder les "races incompétentes" aux bienfaits de la civilisation... Une imposture et un fourvoiement mortel.

La « cité sur la colline », la « nouvelle Jérusalem », le « pays de la grande promesse », créé pour « recommencer le monde » en accueillant sur ses rives les proscrits et les miséreux… Ainsi parlait Thomas Jefferson, génial auteur de la Déclaration d'indépendance. Rien n'y fait ! Donald Trump peut bien nous fournir, chaque semaine, une raison supplémentaire de prendre les Etats-Unis en grippe, ces souvenirs mémorables résistent à ses insanités. La cote d'amour en France de la grande « République sœur » demeure inentamée. Quelle autre nation pourrait se targuer sur la planète d'une pareille immunité qui résiste même à l'accablante bassesse de son actuel président ? Q

uand l'Amérique nous déçoit, on veut croire à une erreur de script ou de casting qui aurait substitué ce costaud de saindoux à Gary Cooper. C'est le même accablement qui s'empara des républicains français, tous orphelins de Lincoln, le « prophète assassiné », lorsque les Etats-Unis se découvrirent, au printemps 1898, une vocation impériale. Ou plutôt le devoir moral, comme la France et l'Angleterre, de faire accéder les « races incompétentes » aux bienfaits de la civilisation. Un fourvoiement mortel quand on a été la première nation de la planète à proclamer le droit des peuples à s'émanciper.

Une fringale de conquête

Il est vrai qu'après l'extermination en un siècle de 80 % de la population indienne - le dernier affrontement entre des Sioux haillonneux et l'armée américaine se règle à Wounded Knee, le 29 décembre 1890, où, de l'avis général, les nouvelles mitrailleuses Gatling ont « fait merveille » ! - l'Amérique se sent à l'étroit depuis qu'elle a atteint la côte pacifique. Même l'annexion, en 1846, du Texas, du Nouveau-Mexique et de la Californie ne peut suffire à absorber sa production industrielle, ses excédents agricoles et son afflux d'immigrants.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne