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Huile de palme : comment le gouvernement justifie le maintien de l'accord avec Total

Pour justifier l'autorisation donnée à Total de raffiner de l'huile de palme sur son site de La Mède, le gouvernement évoque l'accord scellé en 2015 sous François Hollande. Et renvoie à une gestion du dossier à l'échelle européenne.

Gaël Vaillant
Les ministres Nicolas Hulot (Ecologie) comme Stéphane Travert (Agriculture) veuelnt porter le dossier au niveau européen.
Les ministres Nicolas Hulot (Ecologie) comme Stéphane Travert (Agriculture) veuelnt porter le dossier au niveau européen. © Reuters

"C'était une décision qui date de 2015." Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, invité lundi matin sur RTL , ne souhaite pas endosser la responsabilité de l'accord passé entre l'Etat et Total pour raffiner de l'huile de palme pour produire du biocarburant sur son site de La Mède (Bouches-du-Rhône). Il doit pourtant faire face à la colère des écologistes mais aussi des agriculteurs. Ces derniers ont ainsi mené une action concertée lundi pour bloquer 13 dépôts de carburant et raffineries. Ils dénoncent le fait que Total importe davantage d'huile de palme qu'il n'achète d'huile de colza aux producteurs français.

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Lire aussi : Pourquoi 13 raffineries et dépôts vont être bloqués à partir de lundi

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Le gouvernement "ne reviendra pas" sur l'autorisation donnée à Total d'importer de l'huile de palme, a tranché lundi matin Stéphane Travert qui a appelé la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, les deux syndicats à l'origine des actions des blocages, "illégaux" selon le ministre.

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Un accord que le gouvernement assure avoir "amélioré"

Stéphane Travert a peiné à justifier le maintien de l'accord conclu en 2015, sous François Hollande. Le ministre de l'Agriculture a surtout formulé le vœu que "Total puisse s'approvisionner de la meilleure manière, auprès des fournisseurs [français] de colza". Selon l'accord de 2015, Total s'est engagé à acheter 50.000 tonnes de colza français en échange du fait de pouvoir importer 300.000 tonnes d'huile de palme, principalement de Malaisie et d'Indonésie.

Invité sur Europe 1, Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat au ministère de l'Ecologie, a lui aussi rappelé que le gouvernement actuel était tenu par l'accord du précédent exécutif. Mais, a-t-il insisté, "nous avons amélioré" l'accord avec Total. "Le rééquilibrage [par rapport à l'accord de 2015, NDLR], on l'a fait. Dans l'accord initial avec Total, on était à 75 % d'huile de palme importée. Alors que là, le plafond est de 50% et il y a une obligation d'utiliser de l'huile recyclée", a-t-il ajouté.

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"C'est un héritage du gouvernement précédent qu'on ne renie pas, car il s'agissait de sauver des emplois, a encore développé Sébastien Lecornu. Ce n'est pas de gaité de cœur [qu'il a été conservé], mais il est une étape dans la transition. C'est mieux qu'avant et il faut que ça soit moins pire demain." Et d'assurer qu'avec le plafond de 50% fixé, "ça veut dire que le biocarburant produit à La Mède aura moins d'huile de palme dans ces composants que ce que nous importons". 

Le gouvernement prône une "réponse européenne"

Un accord accepté sans "gaité de cœur"? La formule n'est pas de Sébastien Lecornu, mais de son ministre de tutelle, Nicolas Hulot . Le 31 mai dernier sur Europe 1, le ministre de l'Ecologie avait ainsi affirmé qu'il n'avait pas décidé "de gaieté de coeur" d'autoriser le raffinage d'huile de palme importé à La Mède. "On ne vit pas dans un conte de fées", justifiait encore Nicolas Hulot avant d'expliquer : "Il y a eu un deal, que je ne critique pas, entre l'ancien gouvernement et Total : on a demandé à Total, sous peine de fermer et de perdre 450 emplois, de transformer sa raffinerie en bio-raffinerie […] Ma seule marge de manoeuvre a été de dire 'je vous demande de réduire l'usage d'huile palme' et d'essayer d'aller petit à petit vers le déclin."

Le 16 mai dernier sur BFMTV, alors qu'il était critiqué par les ONG environnementales, Nicolas Hulot ne cachait toutefois pas son embarras. "On ne peut pas avoir tout du jour au lendemain", avait-il lancé avant de renvoyer la responsabilité au "gouvernement précédent".

Et maintenant? Devant la colère des écologistes et les blocages des agriculteurs, le gouvernement renvoie la responsabilité aux instances européennes. "Nous ne pouvons pas faire les choses tout seul. La réponse, elle doit se faire au niveau européen", a assuré lundi Stéphane Travert. "La France peut porter toutes les interdictions qu'elle voudra" mais si demain, des produits importés par un autre pays européen "ressortent de cet Etat membre avec un label UE, ça c'est difficile", a estimé sur RTL le ministre de l'Agriculture. Nicolas Hulot est sur la même ligne, promettant, le 31 mai dernier sur Europe 1, que la France "est en train de s'organiser au niveau européen pour sortir de l'huile de palme et de la déforestation importée".

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